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Insensiblement, la France est devenue un pays d’entrepreneurs. Une révolution silencieuse dans ce (...)

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La chronique de Jacques Gautrand - Avril 2014
Les politiques et l’emploi en France :
des promesses intenables
 

Le champ politique occupe toujours une place centrale dans notre société. Malgré la montée des abstentionnistes. Malgré le discrédit dont pâtiraient les hommes politiques … L’actualité se focalise toujours sur la scène politique et ses protagonistes, vedettes et seconds rôles, leurs déclarations, leurs propositions, leurs querelles, leurs combats, leurs victoires comme leurs défaites et, désormais aussi, leur vie privée !

C’est toujours vers les politiques que le citoyen se tourne en espérant une solution à ses problèmes ou une réponse à ses questionnements. Et Le peuple attend des pouvoirs publics des mesures destinées, croit-il, à améliorer sa situation…

Nombreux sont nos compatriotes qui entretiennent à l’égard du politique une attitude qui relève de la pensée magique.
Il suffit, pour s’en convaincre d’ interroger un maire ou un député sur les demandes les plus courantes qu’ils reçoivent de leurs concitoyens : un coup de pouce pour obtenir une « place », un emploi pour un fils, une fille, un conjoint … Comme si nous étions encore dans l’Ancien Régime ou le pouvoir régalien distribuait charges et prébendes…

« Inverser la courbe du chômage ... »

Il est d’ailleurs très cocasse que le président Hollande se soit entêté en 2013 à annoncer que le chômage baisserait à la fin de l’année, comme si c’était depuis le palais de l’Elysée, que d’un coup de baguette magique, on créait des emplois ! Et, de fait, « la courbe du chômage » ne s’est pas « inversée » à la fin de l’année dernière. Mais le plus cocasse, c’est qu’il s’est trouvé de nombreux Français, assez crédules ou naïfs, pour en faire reproche au président de la république, non pas d’avoir pris un engagement impossible à remplir, mais de n’avoir pas tenu sa promesse ...

Face à l’ampleur du chômage, à ses causes structurelles que nous avons régulièrement analysées sur ce site, il n’est pas du pouvoir du premier élu de France, fut-il chef de l’Etat, de procurer un emploi aux 5 millions de personnes qui en cherchent un !

Il existe certes les emplois « aidés » qui dépendent du bon vouloir du prince. Financés par le déficit des finances publiques (donc par l’endettement), ils reviennent à utiliser une cuillère à café pour écoper une barque qui prendrait l’eau de toute part. A la décharge du gouvernement actuel, concédons que toutes les majorités qui se sont succédé au pouvoir depuis trente-cinq ans, ont allègrement eu recours à ces placebos. Notons au passage que les emplois aidés fournissent une main d’œuvre bon marché aux associations et aux collectivités locales davantage qu’ils n’aident leurs bénéficiaires à augmenter leur « employabilité » sur le marché concurrentiel.

Le gouvernement de Jean-Marc Ayrault, et maintenant celui de Manuel Valls proclament que l’emploi est leur priorité … Or ce n’est pas l’Etat qui crée l’emploi (sauf en régime communiste !), mais les entreprises !

Ce sont les entrepreneurs qui créent des emplois ...

D’ailleurs, le nouveau premier ministre, Manuel Valls, l’a reconnu dans son discours de politique générale devant l’Assemblée nationale le 8 avril :
« Soutenir les entreprises, c’est soutenir l’emploi, l’investissement, les exportations. (…) Je le dis sans détour : nous avons besoin de nos entreprises, de toutes nos entreprises, de nos PME, de nos « start-up », de nos artisans, de nos associations et coopératives. Entreprendre, créer, prendre des risques, embaucher : c’est cette démarche positive que je veux encourager parce qu’elle fait du bien à notre pays.
Sortons des défiances, des postures, des caricatures.(...) Et c’est pourquoi je salue nos entreprises, nos PME-PMI, nos artisans, nos agriculteurs, nos commerçants qui travaillent dur, qui aiment leur métier et qui considèrent que le travail est une valeur. Alors oui, nous agirons pour encourager les entreprises, pour soutenir la recherche et l’innovation, améliorer le fonctionnement du marché du travail, alléger les coûts, simplifier les procédures et favoriser le dialogue social à tous les niveaux.  »

Et le lendemain, devant le Sénat, Manuel Valls enfonçait le clou : « La prise de risque, l’audace, l’ambition doivent être mieux récompensées. Ces femmes et ces hommes qui travaillent dur et contribuent au redressement de la France doivent trouver un cadre plus simple, et plus lisible, pour encourager la création de richesse. »

Signaux contradictoires

Après deux années de signaux contradictoires envoyés aux entrepreneurs par le pouvoir socialiste, les déclarations de Manuel Valls ont été accueillies favorablement par les organisations patronales.

Le nouveau premier ministre ne se cache pas, en effet, d’être un social-démocrate.
Rappelons que durant sa campagne des "primaires" au sein du parti socialiste pour l’élection présidentielle, il s’était déclaré favorable à la TVA sociale - mesure adoptée à la fin du quinquennat de Nicolas Sarkozy et supprimée au lendemain de l’élection de François Hollande ...

Mais, malgré toute sa bonne volonté, Manuel Valls n’a pas plus de baguette magique que ses prédécesseurs.

N’attendons pas des politiques ce qu’ils ne peuvent pas nous donner !

En revanche exigeons d’eux qu’ils créent un environnement législatif, fiscal et réglementaire favorable à l’épanouissement de toutes les initiatives privées et à la création de richesse.

De nombreux blocages à lever

Le marché de l’emploi n’est pas un marché parfait. Beaucoup d’opacité subsiste encore entre les besoins des entreprises et les personnes en recherche de travail. C’est pourquoi, il faut se réjouir que Pole Emploi ait récemment passé des accords avec des sites privés d’offres d’emplois en ligne.

Et l’économie française ne sera en capacité de recréer durablement des emplois qu’à condition que soient levés un certain nombre de freins et de blocages de fond que nous avons déjà eu l’occasion d’évoquer sur ce site.

Parmi ceux-ci, on peut citer :

  Les freins psychologiques : il faut réhabiliter les métiers manuels et artisanaux. Faire de l’apprentissage une voie d’excellence …

> Arrêter de penser que « le travail se partage » ; il se multiplie ! Comme le disait simplement le grand économiste Alfred Sauvy : « Le travail des uns crée l’emploi des autres. »

  Les freins sociétaux : en France, les métiers de service sont souvent assimilés à une forme de « servitude »... Or les services (aux clients, à la personne, aux entreprises) recèlent des gisements d’avenir. Il reste à innover dans la présentation comptable des sociétés de services à forte intensité humaine : comment apprécier le « capital humain » comme un actif et non plus comme une charge d’exploitation ? Cela pourrait changer beaucoup de choses, notamment dans l’accès aux financements…

  Les freins administratifs : on ne reviendra pas sur le nécessaire aggiornamento de notre indigeste Code du travail et ses 12 000 articles ... mais une révision des « seuils légaux » s’impose : aujourd’hui, ils sont considérés comme des barrières à l’embauche pour des PME qui craignent de devoir franchir se cap fatidique et devoir s’acquitter de nouvelles obligations. Ainsi la CGPME dont une délégation a été reçue le 10 avril par le premier ministre, s’est plu à rappeler qu’il « existe en France 2,4 fois plus d’entreprises de 49 que de 50 salariés, ce qui ne saurait relever du seul hasard : lorsque l’on sait que le franchissement de ce seuil génère plus de 35 obligations administratives et financières supplémentaires… »

  Il faut aussi encourager le "contrat multi-employeurs", de façon à permettre aux PME d’employer des cadres à temps partagé. Aujourd’hui, les contraintes administratives sont dissuasives pour des petites structures...

Il reste enfin et surtout à initier les politiques et les hauts fonctionnaires au fonctionnement des PME : comme certains l’ont proposé, il faudrait que tout haut fonctionnaire fasse un stage d’immersion de trois mois dans une PME (de moins de 200 personnes) pour connaître les réalités et les contraintes quotidiennes de plus de 95% de nos entreprises...

Combien d’élus et de ministres (1) savent concrètement comment "marche" une PME ?

Jacques Gautrand

jgautrand [ @ ]consulendo.com

Editions Odile Jacob 2014 < (1) On ne peut que recommander à notre nouveau ministre du Travail, de l’Emploi (sic) et du Dialogue social, François Rebsamen, la lecture roborative du dernier ouvrage de Michel Godet, le chantre des initiatives locales pour un vrai développement économique sur le terrain, « Libérez l’emploi » (éditions Odile Jacob)

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