« Les métiers de la croissance verte : une réalité ! »
Par Valérie Létard *
« Désormais ces métiers « verts » ou « verdissants » ont leur
ouvrage de référence qui vient s’inscrire comme un des
éléments constitutifs du plan des métiers que je porte auprès
de Jean Louis Borloo depuis mon arrivée à ce ministère.
Lancé en janvier dernier avec l’appui de nos 11 comités de
filière, ce plan de mobilisation des filières et des territoires contient un certain nombre de mesures qualitatives et quantitatives.
Notre « Zoom sur 50 métiers » entre très précisément dans le cadre du programme 2 touchant à la promotion des métiers de la
croissance verte, à l’information et à la sensibilisation des
prescripteurs de l’orientation, de l’emploi et de la formation,
mais également des professionnels et du grand public.
(…)
Nos partenaires avaient soulevé (le fait ) « que
nombre de filières misaient sur un renversement d’image des
métiers de secteurs perçus comme « technologiquement
dépassés », « vieux », « pollueurs », en secteurs porteurs. Ce
renversement d’image ayant pour conséquence d’attirer de
nouveaux publics en particulier les jeunes, ou les actifs en
reconversion, en valorisant, également, les possibilités de
carrière et de promotion sociale ».
Certaines filières escomptaient également « une féminisation de
leurs recrutements grâce à cette image de modernité et
d’engagement durable par exemple dans le bâtiment, les
métiers de l’électromécanique et de l’électricité ou encore la
chimie verte ».
Nous avions donc principalement convenu que nos actions de
promotion auraient pour objectifs :
D’informer et de sensibiliser les personnes en recherche
d’emploi, et tout particulièrement les jeunes, pour
favoriser leur orientation vers les métiers de la croissance
verte.
D’actualiser les connaissances des prescripteurs de
l’orientation de l’emploi et de la formation, sur la réalité
des compétences et des métiers de la croissance verte
ainsi que de leurs évolutions.
D’associer largement le secteur de l’économie sociale à
notre travail et aux débouchés possibles afin de valoriser
les personnes en insertion sociale et professionnelle.
50 métiers de la croissance verte.
Le contenu de cet ouvrage correspond à l’ensemble des
objectifs que je viens de citer.
Quelques mots sur le titre d’abord « Croissance verte : zoom
sur 50 métiers » :
Nous avons choisi le terme de « Zoom » pour faire un arrêt
sur image précis sur une cinquantaine de métiers, sélectionnés en lien avec nos présidents de comités de filières comme étant des
métiers d’avenir et pour certains, déjà en tension.
Autre choix éditorial, celui de présenter les « métiers » et non
plus les « filières » de la croissance verte afin de gagner de la
lisibilité auprès du grand public.
Diversité des carrières et des niveaux de formation.
Bien d’autres métiers auraient pu figurer dans cet ouvrage.
Notre zoom n’est donc pas un palmarès, ni une liste exhaustive
de tous les métiers existants de l’économie verte. Il a en fait
pour objectif d’illustrer la diversité des carrières possibles et la
variété des niveaux de formation permettant de s’engager dans
les parcours proposés. Il nous montre aussi et surtout que les
métiers de la croissance verte, c’est une réalité.
A l’instar du plan des métiers de la croissance verte notre
ouvrage reprend 11 filières créatrices d’emplois (agriculture
et forêts, automobile, bâtiment, biodiversité, eau,
électromécanique, énergies renouvelables, métiers de la mer,
raffinage, transports, tourisme) et propose systématiquement
des métiers en cours de développement à l’intérieur chacune de
ces filières.
Nous avons souhaité que chaque présentation de métier soit
mise en relation avec le Grenelle Environnement afin
d’expliquer la manière dont il est impacté.
Vous y trouverez des métiers considérés comme « nouveaux » : Je pense aux thermiciens dans le secteur du bâtiment, aux
contrôleurs en agriculture biologique, aux animateurs
généralistes en éducation à l’environnement dans le secteur de
la biodiversité, aux développeurs de projets dans le secteur des
énergies renouvelables, ou encore des conseillers en
développement durable dans plusieurs secteurs ...
Des métiers appelés à se "verdir"
Vous y trouverez également des exemples de métiers existants
amenés à se "verdir" : vous pourrez ainsi évaluer de quelle
manière les Grenelle impactent le chauffeur-livreur, le poseur
en isolation thermique, le marin pêcheur ou le responsable de
plate-forme logistique ...
Outre les métiers et leurs compétences que faut-il retenir de
l’offre de formation que nous avons recensée ?
- L’offre de formation existe :
Elle est accessible à tous les niveaux de qualification :
du CAP aux masters et diplômes d’ingénieurs ;
Les acteurs de la formation professionnelle
(organismes de formation, OPCA,) ne sont plus dans l’expectative ou dans le questionnement : Ils adaptent leur
offre de formation par métiers aux évolutions liées au développement durable.
Que faut-il retenir en matière de salaire ?
Les échelles de rémunérations des métiers liés à la croissance
verte fonctionnent selon les mêmes paramètres que le marché
du travail : La plupart des emplois commencent au SMIC.
En revanche, ce qui est remarquable, c’est que sur ces métiers
émergents, les parcours peuvent être beaucoup plus accélérés
et amener rapidement des prises de responsabilités importantes
assorties de progressions de rémunération : c’est le cas par
exemple :
de l’agent de déchetterie qui démarre au SMIC en début
de carrière mais qui dispose de perspectives d’évolutions
très intéressantes, par exemple gestion d’un centre de tri,
en partant de formations initiales modestes.
du Technicien supérieur en génie écologique qui perçoit 18
à 30 000€ selon son expérience et la taille de la structure
dans laquelle il travaille. Ce niveau de rémunération
devrait augmenter dans les années à venir, à la faveur de
la professionnalisation de la filière et de la reconnaissance
de la valeur ajoutée du Génie écologique.
600 000 emplois potentiels à l’horizon 2020 ...
Dernier élément relatif au choix éditorial, nous n’avons pas
chiffré le potentiel d’emplois correspondant à chaque métier.
Nous ne l’avons pas fait car cela est techniquement impossible.
On connaît tous la tendance générale, c’est-à-dire les 600 000
emplois crées ou maintenus à l’horizon 2020. Mais ces 600 000 emplois
seraient une estimation basse si l’on se réfère aux rapports des
comités de filières et à celui de Syndex Alpha qui estime le
potentiel de la Croissance Verte à 900 000 emplois !
Vous l’aurez compris, ces chiffres sont en tout état de cause
encourageants mais à géométrie variable. D’ailleurs, attendre de
connaître le nombre exact d’emplois pour agir est une perte de
temps. Car nous, pouvoirs publics, avons le devoir d’accompagner dès aujourd’hui les salariés dans la mutation de
leurs compétences pour être au rendez vous de l’emploi.
Et quelque soit le chiffre final, on mesure la bouffée d’oxygène
que ces emplois représentent à l’heure où le gouvernement
espère pouvoir passer notre taux de chômage sous la barre des
9% d’ici 2012 en donnant la priorité à l’emploi des jeunes par le
biais de l’alternance et de la formation professionnelle.
(…)
Cet ouvrage fait partie intégrante du plan des métiers dont la mise en oeuvre se poursuit dans le cadre du comité de pilotage dont je tiens à souligner la qualité des travaux.
Sur le plan national, nous avons mis en place un
Observatoire national des métiers (1) et préparons des conventions
avec Pôle emploi, l’AFPA ainsi qu’EDF.
Dans le domaine du bâtiment, Jean-Louis Borloo a signé la
convention Feebat avec la fédération française du bâtiment et
avec les énergéticiens. Ce sont 120 000 professionnels du
bâtiment qui seront formés aux économies d’énergie.
Au début de l’été, nous avons lancé une étude pour voir de
quelle manière on pourrait structurer la filière de la biodiversité
et des services écologiques.
Nous sommes en train d’adapter les programmes et les
référentiels aux nouvelles réalités des métiers par l’ensemble
des ministères compétents (Ministère de l’Education nationale,
du Travail, de l’Agriculture ...).
Au niveau des territoires (2), nous poursuivons la préparation des
premières expérimentations en lien avec les régions sur les
filières correspondant le plus à leurs besoins.
Comme vous le voyez, le Plan de mobilisation ne cesse d’évoluer à l’image des métiers qu’il souhaite promouvoir et porter ! »
* Valérie Létard était alors secrétaire d’Etat chargée des Technologies vertes et des Négociations sur le climat, auprès du ministre d’Etat, ministre de l’Ecologie, de l’Energie, du Développement durable et de la Mer.
(1) - L’Observatoire national des emplois et des métiers liés à la croissance verte est né du plan de mobilisation des filières et des territoires présenté lors de la conférence nationale sur les métiers de la croissance verte lancé le 28 janvier dernier. Il constitue le premier volet du pacte de solidarité écologique dont un des objectifs est de faire de la croissance verte un enjeu majeur pour l’emploi. Il répond ainsi au besoin d’identifier et de mieux cerner les emplois de cette nouvelle croissance.
L’observatoire a pour but d’offrir un diagnostic partagé et centralisé de méthodes et de chiffrages sur les emplois, métiers et formations de la croissance verte. Il devra mettre en place le suivi statistique, les modes d’observation au niveau national, ainsi qu’une déclinaison spécifique des travaux au niveau régional, dans le cadre des observatoires existants. Il est un lieu de concertation, de partage d’information et de coordination.
(2) - « La dimension territoriale constitue un volet fondamental du Plan de mobilisation pour le développement des filières et des métiers de la croissance verte », précise le ministère : « Les conseils régionaux de par leurs compétences en matière de développement économique et de formation professionnelle constituent des acteurs fondamentaux et indispensables à la mobilisation des territoires. C’est pourquoi l’Etat proposera aux régions volontaires, dans le cadre d’un appel à projets,
d’associer leurs efforts pour mieux mobiliser les territoires et articuler démarche nationale et démarche locale. Dans ce cadre, l’Etat propose aux régions une boîte à outils commune comprenant des mesures identifiées et des possibilités d’expérimentation de projets innovants. Cette démarche s’inscrira dans le cadre de la préparation des contrats de plans régionaux de développement de la formation (CPRDF), créés par la loi relative à l’orientation et à la formation tout au long de la vie, à élaborer d’ici à juin 2011 (cosignataires : préfet, conseil régional, autorité académique). Cette démarche pourra nourrir un volet « métiers de la croissance verte » intégré au CPRDF. »
Voir notre article sur les collectivités territoriales et le développement durable publié dans L’Express
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