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Ashoka, ferment de la "nouvelle économie"
Par Gérard Negreanu et Denise Parisse
 

Et si l’entrepreneuriat social était l’avenir du capitalisme discrédité par une financiarisation démentielle ?
L’aventure internationale de l’association Ashoka, implantée en France depuis trois ans, est une source d’inspiration et de réflexion pour tous les défenseurs de l’esprit d’entreprise.

C’est l’histoire d’une association, jusqu’à ces derniers temps quasi inconnue en France, et peut-être l’exemple de ce qui peut se passer ces prochaines années en habilitant - ou réhabilitant - le secteur de l’économie sociale. Celui dont le contour assez flou, va des associations caritatives aux fondations des grandes entreprises ou de riches mécènes, des sociétés mutualistes jusqu’aux entrepreneurs "citoyens".

En 1960, en Inde, est fondée par Bill Drayton, un américain né en 1943 à New York , une association au nom d’Ashoka. Son but ? Doter le secteur social d’une structure économique équivalente aux fonds de capital-risque. C’est-à-dire, capable d’identifier et d’accompagner des entrepreneurs innovants pendant la phase de développement de leurs activités. Désigné en 2005 par US News & World Report comme l’un des meilleurs vingt-cinq dirigeants américains, il est aujourd’hui conseiller en gestion et consultant chez McKinsey.

Présente dans soixante pays

Arnaud Mourot, Ashoka FranceEn près de trente ans, Ashoka s’est développée dans le monde entier. Présente dans soixante pays, elle a ouvert une antenne en France, il y a trois ans, et a déjà soutenu plus d’une vingtaine de projets.
- Ashoka France est présidée par Arnaud Mourot, 35 ans, un ex champion de...lutte libre.

Le principe de l’association est simple et partout le même : mobiliser des fonds, détecter des projets innovants, les financer et accompagner leurs créateurs. Ce qui est moins simple, c’est l’évaluation du retour sur investissement. Car si le capital-risque opère en termes purement financiers sur un laps de temps de trois à dix ans, Ashoka règle son curseur d’investissement sur des critères sociaux comme la création d’emplois, l’impact de l’entreprise sur la société, l’environnement, l’intégration etc.…Ce qui n’est pas une mince affaire car l’évaluation ne peut être que théorique et sur le très long terme, puisque les entreprises lauréates sont accompagnées…à vie.

Une sélection draconienne

C’est sans doute la raison pour laquelle les critères de sélection sont draconiens. Ils sont au nombre de trois :

- 1 - Il faut que l’idée portée par le futur créateur d’entreprise représente une réelle innovation capable de résoudre un problème important de société. A l’échelle locale évidemment, mais aussi à international.

- 2 - Il faut que cet entrepreneur en herbe fasse preuve de créativité et dispose des qualités intrinsèques à cette vocation : vision à long terme, ténacité, leadership, capacité à travailler dur…

- 3 – Il lui faut posséder un sens éthique indiscutable. Car pour Ashoka, la bonne gouvernance est une règle intangible. Pas question de parachute doré !

Ce véritable examen de passage se déroule pendant des mois devant un panel d’experts (nationaux et internationaux) qui décideront de ceux qui peuvent entrer dans la communauté des entrepreneurs Ashoka. Les lauréats recevront alors pendant trois ans un soutien financier - dont un salaire mensuel qui peut les aider, déjà moralement, surtout s’ils ont charge de famille - et une assistance professionnelle, destinée à leur permettre de développer largement et de façon pérenne leur activité. Ils bénéficient en plus des conseils de partenaires d’Ashoka dans les domaines de la stratégie de financement, de l’organisation, de la communication, des questions juridiques, indispensables à tout créateur.

Un patron musclé

Pour mobiliser des fonds, Ashoka France fonctionne comme toutes les associations ou fondations. A savoir, un groupe d’entreprises partenaires ; trois grands cabinets de conseil : McKinsey, Hill & Knowlton , Deloitte & Touche ; un cabinet d’avocats d’affaires : Latham & Watkins ; ainsi que la Caisse des Dépôts, la fondation d’entreprise Véolia et deux fondations familiales : Artemisia et Ensemble.
A ces structures viennent s’ajouter une soixantaine de particuliers pour qui le ticket d’entrée s’élève au minimum à 10 000 euros par an. Tout cela est évidemment partiellement défiscalisé, en fonction de la loi du 1er août 2003 « relative aux fondations, aux associations et au mécénat ouvrant droit à une réduction d’impôt de 60% du don à hauteur de 0,5 % du chiffre d’affaires hors taxes ».Du classique.

Mais, Ashoka France dispose d’une autre originalité : la personnalité de son président. Choisi par le « board » international de l’association, il n’était connu, il y a quelques années que dans les milieux sportifs. Et encore ! Fallait-il s’intéresser à la lutte libre. En effet, en 1998, Arnaud Mourot décrochait la cinquième place au championnat du monde dans cette discipline sportive qui requiert beaucoup d’entraînement.

Pourtant, cet homme n’est pas qu’un monsieur-muscles. C’est aussi une tête bien pleine. Diplômé de l’Ecole Supérieure de Commerce de Paris, il se destinait comme pratiquement tous ceux de sa promotion à tout, sauf au monde associatif. D’ailleurs, avec humour, il raconte comment, à la sortie de l’Ecole, tous ses copains - qui ne rêvaient que de créer une "start-up" - et sa propre mère, le regardaient sceptiques mettre en place une ONG "Sport Sans Frontières", destinée à intervenir dans le domaine de l’éducation et de la reconstruction psychologique par le sport. ONG qu’il préside d’ailleurs toujours. Quant aux "start-up", il a permis aujourd’hui la création de plus d’une vingtaine. Belle revanche … Et reconnaissance rapide du milieu des entrepreneurs : Arnaud Mourot faisait partie cette année du jury du Grand prix de l’Entrepreneur organisé par Ernst & Young et le le magazine L’Entreprise. Il n’est sans doute pas étranger aux choix de certains lauréats du palmarès 2008 : dans la catégorie « Prix de l’engagement sociétal », l’association "Sport dans la ville" et dans la catégorie « Prix de l’entreprise d’avenir », la société Sinéo qui s’est fait pour spécialité de « laver » les voitures … sans eau, permettant ainsi d’économiser un des biens le plus précieux et le plus gaspillé dans les pays développés ; et qui oeuvre en plus à l’insertion des chômeurs et RMistes.

Sortir des schémas classiques

Reste à savoir comment le secteur de l’économie sociale qui bénéficie aujourd’hui d’un engouement certain, résistera à la crise. Personne n’est encore capable de le dire. Certes la défiscalisation est un atout pour les plus gros donateurs, mais quand il y a moins de recettes, il y a aussi moins de bénéfices. Et ce petit parapluie fiscal peut perdre de son attrait. Il en est de même pour les donateurs privés qui ont vu leur rente boursière ou leurs placements divers fondre de moitié.

Cependant Arnaud Mourot reste optimiste et estime que la difficile période actuelle pourrait au contraire avantager l’économie sociale : « Les crises économiques sont souvent favorables à l’émergence d’investissements qui sortent des schémas classiques » ajoute-t-il. Ce qui est bien le cas de ceux proposés par Ashoka.

Le bilan mondial de l’association parle de lui-même : 1700 entreprises créées dont 95% poursuivent leur activité après plus de cinq ans d’existence et 66% sont reconnues des leaders dans leur domaine d’activité. Beaucoup mieux que celles issues du capital-risque classique…

Après les déconvenues de « la Net-économie » au début des années 2000, l’essor des entreprises sociales ou « sociétales » lancera-t-il les bases d’une véritable « nouvelle économie » ? L’avenir le dira.

Remarquons cependant qu’Ashoka intervient et interviendra longtemps encore sur des micro-projets n’employant que quelques dizaines de personnes, voire le plus souvent, moins de dix.
Mais les petits ruisseaux ne font-ils pas les grandes rivières ?

Gérard Negreanu et Denise Parisse

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