
Nos prothèses interconnectées, avec les multiples services et usages qu’elles génèrent, se sont rendues, en moins de vingt ans, indispensables à notre quotidien. Pour les plus jeunes générations, elles sont des sortes de « doudous » digitaux qu’ils caressent et manipulent compulsivement à tout bout de champ, de jour comme de nuit.
Quel est l’objet que l’on touche le plus souvent aujourd’hui, du réveil au coucher, sinon son Smartphone ?
Diététique digitale
Face à cette "infobésité", cette inflation de sollicitations électroniques, une minorité de nos contemporains a décidé de se « déconnecter ». Il y a les purs et durs qui renoncent carrément à toute la panoplie des objets communicants. Et les modérés, en quête d’une « diététique digitale », qui se mettent au « régime » en limitant volontairement le recours aux écrans à certaines plages du jour, de la semaine ou du mois.(1)
On voit même émerger un nouveau métier de coach en management personnel des usages digitaux, tandis qu’aux Etats-Unis se multiplient les séminaires et autres cures en désintoxication des addicts anonymes de la connexion.
La France qui ne fait jamais rien comme les autres pays, a même décidé d’inscrire dans le marbre de la loi en 2016 un « droit à la déconnexion » pour tout collaborateur d’une entreprise de plus de 50 salariés…
L’été et les grandes vacances offrent à chacun de nous l’occasion de réfléchir aux avantages et aux inconvénients d’une connexion compulsive.
Une start-up propose même de vous « confisquer » temporairement votre Smartphone (sans sa carte SIM) pendant vos vacances en le remplaçant par un mobile sans accès à Internet. Certideal, la start-up en question, « s’engage prendre le plus grand soin de votre Smartphone et vous fournit en échange un mobile de première génération ainsi qu’une box « détox » qui comprendra des essentiels pour des vacances plus zen : jeux de voyage et de poche, magazines, livre, et autres incontournables. A votre retour, deux possibilités : récupérer votre Smartphone ou poursuivre l’expérience et conserver le mobile prêté. Dans le dernier cas, Certideal vous soumettra une offre de rachat de votre Smartphone »...
Privilégier la contemplation plutôt que la connexion

Je vous invite à profiter de la respiration des vacances pour prendre du recul, lâcher prise et vous astreindre à substituer, chaque jour, des moments de contemplation aux connexions électroniques.
Pour regarder le monde autour de soi, s’étonner des merveilles de la nature, de la beauté d’un paysage, accorder de l’attention aux autres, à ses proches, comme aux gens que l’on rencontre si l’on est en voyage...
C’est un exercice simple, à condition de s’y tenir, qui consiste à réorienter son regard des écrans vers le monde qui nous entoure présentement, à focaliser son attention sur les autres présents, à mobiliser son écoute plutôt que chercher une réplique immédiate à ce qu’on entend.
Retrouver aussi le plaisir de lire des livres et s’en accorder le temps. S’engager à écrire des cartes postales ou de courtes lettres manuscrites à des amis… Ils vous en seront reconnaissants.br />Marcher sur un sentier en écoutant les sons de la nature plutôt que les écouteurs de son baladeur… Goûter la splendeur du silence. Découvrir les bienfaits de la méditation.
Retrouver, ne serait-ce que le temps de l’été, des plaisirs simples qui font du bien à soi … et réfléchir sept fois avant de céder à la tentation de vouloir les « partager » sur un écran.
En attendant, je vous souhaite un bel été … connecté ou déconnecté !
Jacques Gautrand
Jgautrand [ @ ] consulendo.com
(1) On lira ou relira avec intérêt l’essai de Rémy Oudghiri, « Déconnectez-vous – Comment rester soi-même à l’ère de la connexion généralisée » (éditions Arléa, 2013)
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