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Ces entrepreneurs Made in France

Insensiblement, la France est devenue un pays d’entrepreneurs. Une révolution silencieuse dans ce (...)

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A propos du livre de Jean Peyrelevade *
« Histoire d’une névrose, la France et son économie »
Éditions Albin Michel - 2014
 

Jean Peyrelevade * :
« Il faut inscrire l’entreprise et l’entrepreneur dans la Constitution ! »

Les Français attendent tout de l’État. La sécurité, la santé, le plein emploi, la culture, le retour de la prospérité ... Compréhensible quand les revenus d’un tiers des Français dépendent directement ou indirectement du secteur public et quand les dépenses publiques s’élèvent à 57% de la richesse produite dans notre pays !

Si le prestige de l’État-Providence a bien décliné partout dans le monde, en dehors de quelques pays communistes comme Cuba, les Français continuent à vénérer l’État tutélaire, celui-là même qui, voilà deux siècles, s’est substitué au monarque de droit divin, au roi « guérisseur des écrouelles » …

Les Jacobins ont gagné ! Malgré nos lois de décentralisation (qui datent de 1982 !) le fonctionnement des pouvoirs publics reste chez nous toujours pyramidal (en anglais managérial "Top-Down") : l’État a préféré empiler les strates de décisions plutôt que de choisir, comme chez les anglo-saxons, la subsidiarité, c’est à dire déléguer la décision au plus près du terrain ... En dernier ressort, c’est toujours l’Etat qui a le dernier mot.

En matière d’économie, depuis le Colbertisme, les Français s’en remettent d’abord à l’État pour assurer leur prospérité ...

En France, « l’économie n’est qu’une annexe du politique », analyse Jean Peyrelevade dans son dernier livre, « Histoire d’une névrose, la France et son économie » (Albin Michel – 2014 ).

Du programme du Conseil national de la Résistance au Plan Calcul du Général de Gaulle, du contrôle de l’atome au monopole des télécommunications, des manufactures royales à la Régie Renault, l’économie française a été bâtie sous la houlette de l’État.

Fortement imprégnée de marxisme-léninisme, la Gauche française a fait de la « nationalisation des outils de production » l’accomplissement de la démocratie économique...

Et dans l’organisation des relations sociales qui concernent les entreprises, c’est toujours l’État qui en France encadre les négociations entre les syndicats et les chef d’entreprise (le « patronat ») ; le "paritarisme" est un vœu pieux et la loi considérée comme supérieure au contrat. Les syndicats réclament toujours plus de règles et de contrôles de la part du législateur plutôt que de s’en remettre à l’accord contractuel signé dans l’entreprise …

Paradoxe français

Le paradoxe est que les Français se méfient, disent les sondages, du libéralisme économique, alors qu’ils vivent depuis des décennies en économie administrée et qu’ils n’ont jamais véritablement vu à l’oeuvre la libération de l’initiative privée ...
Au contraire ! A la tête de nos grands groupes du CAC 40 se succèdent des dirigeants issus de la haute fonction publique ou des cabinets ministériels, tandis que l’État, aux commandes des entreprises nationalisées, ne s’est montré qu’un piètre gestionnaire : faillite des Charbonnages, déconfiture des aciéries, banqueroute du Crédit lyonnais ...

Et même si le monde autour de nous a considérablement changé, les Français restent viscéralement attachés à la « toute-puissance » de l’État "souverain", alors que celle-ci s’est nettement affaiblie – mondialisation et Europe obligent !

Grand serviteur de l’État (polytechnicien, il a dirigé de grandes entreprises publiques - Suez, UAP, Crédit Lyonnais...), Jean Peyrelevade connaît parfaitement les rouages de notre monarchie républicaine. Il a été au cœur de l’appareil exécutif comme directeur adjoint du cabinet et conseiller économique du Premier ministre, Pierre Mauroy (1981-1983) qui a lancé le plus grand train de nationalisations d’entreprises de notre histoire.

Il est d’autant mieux placé pour ausculter cette "névrose française" qui confère à l’État la légitimité absolue dans tous les actes de la vie. Car, « en France, seul l’État peut incarner l’intérêt général », souligne-t-il. D’où cette méfiance à l’égard des individus, des corps intermédiaires et des acteurs de l’économie privée. D’où cette suspicion à l’égard de l’enrichissement individuel...

En France l’argent est tabou. Et seul l’État, fournisseur de prébendes, et grand redistributeur de la richesse, est légitime à parler d’argent dans un inconscient collectif qui diabolise la finance...

Or avant de partager la richesse, encore faut-il la créer - et surtout ne pas la décourager de se créer !

« Il faut donner une existence constitutionnelle à l’entreprise ... »

A la différence de la plupart des peuples des autres démocraties comparables en Europe et dans le monde, nos compatriotes nourrissent à l’égard de l’entreprise et de ses dirigeants des sentiments compliqués.

A la fois, une certaine fascination lorsque l’entreprise est le porte drapeau d’une fierté nationale, qu’elle conquiert des marchés à l’étranger. Et en même temps, un méfiance à l’égard des "patrons", du "grand capital", de l’investissement en actions, du profit ... bref, de tous les mécanismes sur lesquels repose l’économie privée et qui sont à la source de l’élévation générale du niveau de vie partout dans le monde, et de l’émergence de classes moyennes dans des pays naguère qualifiés de « sous-développés » ...

Le problème, diagnostique Jean Peyrelevade, c’est qu’en France, l’entreprise et l’entrepreneur n’ont pas d’existence officielle : Dans les différentes constitutions françaises et notamment le préambule de la constitution de 1946, repris dans celui de la constitution de 1958, le gouvernement, le parlement, les collectivités locales et les syndicats ont une existence constitutionnelle. Mais pas l’entreprise !

Il serait temps, estime, l’auteur de donner une existence constitutionnelle à « l’acteur économique le plus important pour la création de richesses et la prospérité : l’entreprise »

Dans une interview au site Atlantico, Jean Peyrelevade déclare notamment : « L’entreprise est l’acteur principal de la création de richesses, du bien commun et de la prospérité générale. Il faut bien comprendre que tout notre système de redistribution ne peut pas fonctionner s’il n’y a pas en amont création de richesses. Il me semble donc que l’entreprise a droit à une reconnaissance constitutionnelle, au moins autant que les syndicats. Les salariés sont reconnus constitutionnellement, le chef d’entreprise ne l’est pas. Il faut donc premièrement reconnaître l’entreprise. Deuxièmement : la liberté d’entreprendre et de constituer une entreprise est fondamentale, parce que c’est une des composantes de la liberté. Enfin, pour simplifier le code du travail dans les relations entre employeur et salariés à l’intérieur de l’entreprise, il faudrait affirmer le principe dominant de la liberté contractuelle, qui est à l’oeuvre dans la quasi-totalité des pays développés, moyennant bien entendu un certain nombre de lois qui protègent l’ordre public. Nous sommes les seuls au monde à penser que cette relation doit être réglementée par un code du travail de 7500 pages et 3700 articles. Ce sont là des étapes essentielles pour conduire notre pays vers sa modernisation. » (...)

L’auteur qui a gardé des sympathies à gauche - bien qu’il ait aussi soutenu François Bayrou lors des présidentielles de 2007 - ne peut que se réjouir qu’un Premier ministre socialiste, en l’occurrence Manuel Valls, n’ait pas eu honte de déclarer devant l’Université d’été du Medef : « Moi, j’aime l’entreprise ».

« La parole de Manuel Valls est importante, souligne Jean peyrelevade dans une interview au quotidien L’Opinion. C’est la première fois que cette réalité, l’entreprise est un lieu où se créent les richesses, est affirmée. C’est la première fois qu’un social-démocrate ose dire les choses tout haut. Le virage de la rigueur de 1982-83 auquel j’ai largement participé, a été fait de manière clandestine. On en n’a jamais assumé la pédagogie. Cela nous était même interdit. Là c’est le Premier ministre qui commence à faire tomber la muraille de Jéricho. Ce n’est qu’un début, mais dans l’ordre symbolique, c’est important.  »


Albin Michel 2014

* Diplômé de l’École Polytechnique, de l’Institut d’études politiques, ingénieur en chef de l’aviation civile, Jean Peyrelevade a été notamment directeur-adjoint du cabinet de Pierre Mauroy (1981-1983). Il a ensuite présidé de grandes entreprises contrôlées par l’État : président de Suez de 1983 à 1986, de la Banque Stern de 1986 à 1988, de l’UAP de 1988 à 1993, et du Crédit lyonnais de 1993 à 2003.

Longtemps professeur d’économie à l’École polytechnique, aujourd’hui banquier privé, Jean Peyrelevade est l’auteur de plusieurs ouvrages, dont :
- « L’économie de spéculation » (Seuil),
- « Pour un capitalisme intelligent » (Grasset),
- « Le capitalisme total » (Seuil),
- « Sarkozy : l’erreur historique » (Plon),
- « France, état critique » (Plon).

- Et « Histoire d’une névrose, la France et son économie » - Albin Michel – 2014 - 224 pages

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