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Analyse
Auto-entrepreneurs : vérités et interrogations
Par andré Letowski *
 

Selon Hervé Novelli, Secrétaire d’État chargé du Commerce, de l’Artisanat et des PME, « le chiffre d’affaires des auto-entrepreneurs devrait dépasser 2,5 milliards d’euros pour l’année 2010, du fait de la montée en charge rapide de ce nouveau régime. Et le chiffre de 320 000 créations d’auto-entreprises enregistré en 2009 devrait également être dépassé cette année. »

Au 31 juillet 2010, 524 000 personnes sont affiliées au régime de l’auto-entrepreneur d’après les l’Agence Centrale des Organismes de Sécurité Sociale (ACOSS). Le premier semestre 2010 a enregistré un record d’affiliation, avec 211 200 nouveaux auto-entrepreneurs inscrits.

Le chiffre d’affaires généré par les auto-entrepreneurs a dépassé 1,1 milliard d’euros au premier semestre 2010, comparé à un total de 969 millions d’euros déclarés pour les douze mois de 2009.
Leur chiffre d’affaires au premier trimestre 2010 a été nettement revu à la hausse par l’ACOSS à 521 millions d’euros, du fait de la prise en compte de déclarations retardataires.
Le chiffre d’affaire du deuxième trimestre, évalué fin juillet à 587 millions d’euros, devrait également être revu à la hausse pour les mêmes raisons.

Le nombre de déclarations continue à progresser rapidement, avec 165 273 auto-entrepreneurs ayant déclaré un chiffre d’affaire positif au premier trimestre 2010, contre 120 078 au dernier trimestre 2009.

Expert réputé de l’entrepreneuriat, ex directeur des études de l’APCE, André Letowski analyse pour Consulendo les dernières données disponibles sur l’auto-entrepreneur.

Auto-entrepreneurs : vérités et idées fausses
André LetowskiPar André Letowski *

Beaucoup a été dit et écrit sur le nouveau régime de l’auto-entrepreneur, avec des notations parfois contradictoires.
Essayons d’y voir plus clair en partant des dernières données disponibles.

 Premier point : le nombre d’auto-entrepreneurs « s’envole-t-il » ?

- Non. Le nombre d’auto-entrepreneurs diminue depuis le mois d’avril 2010 :


Avril 2010 / Mai 2010 / Juin 2010 / Juil. 2010
34 002 / 29 350 / 26 108 / 24 239


Source : Insee, répertoire des entreprises et des établissements (Sirene)

On comptabilise au total 524 000 auto-entrepreneurs fin juillet 2010 selon l’ACOSS.
211 200 se sont enregistrés au cours du premier semestre 2010. Tandis qu’environ 22 000 radiations sont intervenues depuis le démarrage de ce nouveau régime en janvier 2009.

La moyenne mensuelle des inscriptions avait été de 25 600 au premier semestre 2009 (année de mise en route de ce nouveau régime), et de 27 700 au second semestre. Elle avait été plus forte encore au premier trimestre 2010 (37 230), pour retomber à 29 820 au 2éme trimestre, ce qui conduit à une moyenne, pour le premier semestre 2010, de 33 520, moyenne plus élevée qu’au cours des deux semestres précédents.

Toutefois on observe une baisse constante des inscriptions depuis avril 2010. Cette tendance se poursuivra-t-elle dans les prochains mois ?

- Le nombre des créations d’entreprises sous une forme autre que l’auto-entrepreneuriat a augmenté en 2010 au regard de 2009.

On compte 138 740 créations (hors auto-entrepreneuriat) au premier semestre 2010, contre 137 000 au premier semestre 2009, et 123 200 au second semestre de cette même année. Le nombre des créations « classiques » aurait ainsi repris son rythme. Il faut toutefois noter que l’augmentation provient davantage du premier trimestre tout comme cela a été pour les auto-entrepreneurs.

Cependant le nombre de créations d’entreprises hors auto-entrepreneuriat a chuté en 2009 comme en 2010, comparé au niveau de 2008. Cette comparaison est toutefois difficile à faire puisque le régime de l’auto-entrepreneuriat n’existait pas encore à cette époque …

La création d’entreprises est désormais beaucoup plus largement ouverte aux doubles activités (salariés et retraités notamment qui représentent la moitié des auto-entrepreneurs) et à des situations de personnes en difficulté, ce qui là encore était moins le cas auparavant.

- Le nombre de créations sous forme de société a retrouvé en 2010 son niveau de début 2008.

Face aux 77 000 et de 75 000 sociétés créées au cours des deux semestres 2009 - comparable niveau du second semestre 2008 (74 000), le premier semestre 2010 affiche 85 600 sociétés créées. On se rapproche en cela du nombre de créations enregistré au premier semestre 2008.

- Faut-il y voir une prise de recul face à un nouveau statut mieux maitrisé ? Ou est-ce le résultat des conseils donnés par les experts qui mettent en garde les porteurs de projets sur le fait que le régime de l’auto-entrepreneuriat, certes plus simple à mettre en œuvre, ne permet pas le développement de l’activité.

Après la découverte, l’expérimentation de ce nouveau régime, va-t-on atteindre une « vitesse de croisière », où les créations « traditionnelles » retrouveront leur place habituelle ? A suivre.

 Deuxième point : le profil des auto-entrepreneurs est-il différent de celui des créateurs « classiques » ?

- Oui. Le sondage Union des Entrepreneurs/Opinion Way de juin 2010 conforte les observations dégagées lors des sondages précédents : le profil des auto-entrepreneurs est assez différent comparé à celui des créateurs d’avant 2009.

- Les auto-entrepreneurs se partagent désormais à égalité entre ceux qui ont choisi ce statut pour exercer une activité complémentaire et ceux qui en font leur unique activité.

52% exercent, en effet, une double activité : à la fois comme auto-entrepreneur et comme salarié, retraité, ou étudiant (contre 15% des créateurs en 2006 qui avaient une double activité le plus souvent comme chef ou dirigeant d’une autre entreprise ...).

Peu d’auto-entrepreneurs disent venir du chômage : 12% contre quelque 40% pour l’ensemble des créateurs en 2006 !

Cependant 36% des auto-entrepreneurs déclarent n’avoir, avant leur immatriculation, exercé aucune activité (contre 10% pour les créateurs en 2006) ...

Ces différences de profils doivent être prises en compte, tant dans les analyses sur la création dentreprise que dans les appuis et dispositifs déployés en faveur des créateurs.

 61% des auto-entrepreneurs exercent dans les services, c’est plus que la moyenne de la création « classique » : 47% en 2008.

 15% des auto-entrepreneurs déclarent avoir abandonné faute de recettes conséquentes : ils disent avoir cessé parce que le projet ne rapportait pas assez ou ne convenait pas.

 8% ont changé de statut, soit en créant une société ou en basculant dans le régime « classique », ce qui est fort peu, mais il faut aussi du temps pour vérifier si son projet peut conduire à un vrai développement ...

 30% de ceux qui ont jeté l’éponge, envisageraient quand même de créer une société, et ce plutôt dans les 2 ans à venir !

- Interrogés sur leur avenir, 51% des auto-entrepreneurs envisagent de poursuivre sous ce statut, 30% d’en changer pour passer à l’entreprise « classique » (mais majoritairement dans deux ans et plus) et 15% pensent cesser.

 Troisième point : 2,5 milliards d’euros de chiffre d’affaires cumulé en 2010. Et seulement 45% des auto-entrepreneurs qui déclarent facturer, pourquoi ?

Je vois deux explications :

- L’immatriculation comme auto-entrepreneur peut être maintenue pendant trois ans, même en l’absence de tout chiffre d’affaires et donc sans coût pour l’entrepreneur (pas de prélèvements fiscaux et sociaux forfaitaires !) contrairement aux autres statuts.

Cette possibilité parait aujourd’hui trop généreuse, le ministre envisageant de la ramener à 18 mois ...

- Selon le sondage Unions des Auto-Entrepreneurs de juin 2010, moins du tiers des auto-entrepreneurs (28%) déclare ne réaliser aucun chiffre d’affaires.

Ce chiffre de 28% est nettement plus favorable que les données ACOSS selon lesquelles seulement 45% des auto-entrepreneurs immatriculés ont facturé (165 273 auto-entrepreneurs au premier trimestre 2010 ; 120 078 au dernier trimestre 2009) !

Ce décalage entre ces pourcentages s’explique par une triple raison : d’une part le retard de déclaration d’un petit nombre (décalage qui sera corrigé le trimestre suivant), d’autre part les nouveaux entrants qui par définition ne peuvent déclarer de chiffres d’affaires (ils ne pourront le faire que dans un trimestre ; ils sont 89 460 au 2éme trimestre 2010) ; dernière raison enfin, le décalage entre travail effectué, facturation, et encaissement : ainsi nombre d’auto-entrepreneur (notamment dans les services aux entreprises) devront attendre plusieurs mois avant d’encaisser (ce qui est moins « grave » pour ceux qui sont en double activité).

Un calcul rapide, prenant en compte ces trois raisons, nous montre que nous sommes proches du chiffre annoncé dans le sondage de l’Union des Entrepreneurs.

- Il paraît donc « normal » que la moitié seulement ait, à ce jour, acquitté des charges sociales sur leurs encaissements, mais nous sommes fondés à penser qu’une plus grande proportion est active dans le cadre de ce nouveau régime.

- Néanmoins, le montant moyen des encaissements reste faible : on l’évalue à un chiffre d’affaires moyen annuel de 7 046€ en 2009 selon l’Union des Auto-Entrepreneurs et de 15 000 € en projection pour 2010, selon Hervé Novelli qui se fonde sur les dernières données recueillies.

Ces montants sont à rapprocher des CA réalisés par les créateurs pérennes à 3 ans, selon l’enquête SINE 2002-2005 : 28% déclaraient un chiffre d’au plus 15 000€.

Rappelons aussi que la moitié des auto-entrepreneurs exercent une double activité et qu’une forte minorité s’inscrit dans ce régime avec des objectifs modestes en recettes espérées, car il s’agit d’un « complément » de revenu.

 Quatrième point : Les analyses et sources d’information sur l’auto-entrepreneuriat on besoin d’être consolidées.

On ne peut analyser les activités déployées par les auto-entrepreneurs comme celles des créateurs d’avant 2009. La situation est fort différente, comme nous l’avons montré.

C’est pourquoi le traitement statistique devrait clairement séparer les auto-entrepreneurs des autres créateurs.

De même il devrait être tenté de raccorder les données d’avant 2009 et celles depuis 2009 (date du lancement du nouveau régime), à partir des données des enquêtes SINE.

- J’estime pour ma part qu’un tiers des créations d’entreprise enregistrées avant 2009 sont assimilables à des auto-entrepreneurs avant la lettre.

Le recueil des données et l’analyse qui s’en suit doit encore être confortés. Les sources d’information divergent (INSEE et ACOSS), mais finalement assez peu.

Les sondages Opinion Way/Union des Auto-Entrepreneurs de par leur régularité et de par la redondance des questions, permettent de consolider les profils. Le trouble est quelque fois semé par des enquêtes portant sur des populations partielles parce que les commanditaires travaillent sur des populations qui leur sont spécifiques ; certains « généralisent » des informations ne devraient pas l’être ...

 Cinquième point : les Français connaissent et apprécient ce nouveau régime.

Ce satisfecit est corroboré par deux sondages de juin 2010, l’un de TNS Sofres pour la Fondapol (Fondation pour l’Innovation Politique), l’autre par Opinion Way pour l’Union des Auto-Entrepreneurs.

- Selon le sondage Fondapol, 77% des Français disent connaître ce nouveau régime, et 48% savent précisément de quoi il s’agit.
Pour 70% de nos compatriotes, l’auto-entrepreneuriat « est une bonne chose ».

- Dans le sondage Union des Auto-Entrepreneurs 81% des Français disent connaître et apprécier ce statut.

« Et pourquoi pas moi ? » 24% des sondés par Fondapol disent être tentés de monter leur activité sous ce nouveau régime et selon le sondage de l’Union des Auto-Entrepreneurs 35% affirment qu’ils aimeraient un jour le faire.

Ces chiffres sont finalement assez proches des résultats issus des vagues d’enquêtes de l’IFOP, menées depuis une vingtaine d’années, confirmant l’intérêt et l’attirance des Français pour la création d’entreprise ... même si, en définitive, ils ne sont qu’une minorité à oser sauter le pas.

* André Letowski est expert en création d’entreprise et TPE

- Cet article complète et actualise les données d’une précédente analyse publiée sur ce site : "Qui sont les auto-entrepreneurs"

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