« La consommation des ménages reste le principal moteur de l’activité des TPE de proximité »

Quel bilan tirez-vous de l’activité des petites entreprises en 2017 ?
Yves Marmont : Globalement, la situation est relativement stable avec un taux moyen d’activité, tous secteurs confondus, de -1% (après -1,9% en 2016). La croissance n’est toujours pas de retour en 2017 pour les TPE et les performances économiques des petites entreprises du commerce, de l’artisanat et des services sont, pour la plupart, extrêmement modestes. Malgré une conjoncture macro-économique plutôt favorable, avec un PIB en hausse de 1,9%, l’activité des TPE reste atone.
Si les élections présidentielles de mai 2017 ont, à l’évidence, relancé une dynamique économique plutôt positive dans le pays, les petites entreprises ne bénéficient pas encore des retombées de cette embellie. Néanmoins, on peut aussi observer que la santé des TPE ne se dégrade pas et que l’indice d’activité s’est amélioré en gagnant pratiquement un point par rapport à l’année précédente.
Quelque chose s’est visiblement débloqué, mais cela ne s’est pas encore traduit dans les chiffres d’affaires des petites entreprises.
Comme les années précédentes, la consommation reste le principal moteur de l’activité dans les TPE. Ce sont surtout les dépenses des ménages qui font vivre nos métiers de proximité !
Secteur par secteur, quelles sont les principales tendances qui se dégagent du bilan de l’année 2017 ?
Yves Marmont : L’artisanat du bâtiment, dont on connaît l’effet « locomotive » qu’il exerce sur l’ensemble des autres secteurs d’activité, ne se redresse pas de manière significative. Même s’il améliore relativement son chiffre d’affaires (-1,3%, après -2,1% en 2016), cela ne suffit pas à relancer la dynamique de croissance dans les ateliers et sur les chantiers.
Une autre tendance forte qui se dégage et qui illustre, d’une certaine manière, les arbitrages budgétaires des Français, c’est l’affaiblissement des secteurs de la culture et des loisirs (-4,4%), de l’équipement de la maison (-2,7%) et aussi de l’équipement de la personne (-2,2%) même si ce dernier réduit le volume de ses pertes.
Seuls trois secteurs dans cet univers enregistrent un chiffre d’affaires en hausse significative : la création-entretien des parcs et jardins (+2,2%), les services (+1,6%) et les transports (+1,1%). Pour la plupart des autres secteurs, le taux moyen d’activité annuel se situe autour de zéro, en positif ou en négatif.
Certaines professions parviennent-elles tout de même à développer leurs ventes ?
Yves Marmont : Tout à fait ! Quelques professions se démarquent des autres par un chiffre d’affaires en nette progression. C’est notamment le cas des agences immobilières indépendantes dont l’activité bondit de manière spectaculaire (+9,4%, après +3,4% en 2016), des commerces de cycles (+4,5%, après +2,5%) ou encore des entreprises de terrassement et travaux publics (+3,8%, après -1,8%). On peut aussi citer, dans une moindre mesure, les carrossiers (+2,7%), les entreprises de parcs et jardins (+2,2%), les hôtels-restaurants (+1,6%), les magasins de bricolage (+1,3%) et les transporteurs de marchandises (+1,1%).
« De possibles revirements de tendances pourraient intervenir à la fin du premier semestre 2018 et plus tard dans l’année »
Que pouvez-vous nous dire des premières tendances observées au premier trimestre 2018 ?
Yves Marmont : L’activité des premiers mois de l’année s’inscrit globalement dans la continuité des chiffres recueillis au quatrième trimestre 2017. Il n’y a pas de variations significatives pour le moment. Cependant, cela ne présume pas des possibles revirements de tendances qui pourraient intervenir à la fin du premier semestre et plus tard dans l’année.
Il peut y avoir un décalage d’une ou deux années entre l’apparition de facteurs macro-économiques favorables et leurs premiers effets bénéfiques sur l’activité des petites entreprises. D’autres paramètres, comme le contexte sécuritaire ou certains phénomènes météorologiques, peuvent aussi accélérer ou ralentir l’activité.
* Propos recueillis par Nasser Negrouche, rédacteur en chef de L’Observatoire de la petite entreprise.
Les tops et les flops des secteurs en 2017
Profession par profession, le palmarès des « tops » et des « flops » des petites entreprises de l’artisanat, du commerce et des services en 2017 :
# Les tops
1. Les agences immobilières : + 9,4 %
2. Les commerces de cycles : + 4,5 %
3. Les entreprises de terrassement et travaux publics : + 3,8 %
# Les flops
1. L’électroménager-TV-Hifi : - 7,2 %
2. Les librairies : – 6,2 %
3. Les débitants de tabac-journaux-jeux : – 5,9 %
Source : enquête annuelle de la FCGA, en partenariat avec Banque Populaire
* Méthodologie de l’Observatoire de la petite entreprise FCGA/Banque Populaire
Tous les mois, près de 70 centres de gestion agréés, répartis sur l’ensemble du territoire national, transmettent les chiffres d’affaires, rendus anonymes, de leurs adhérents à la Fédération. Les indices d’activité sont calculés chaque trimestre, à partir des chiffres d’affaires d’un échantillon de 17 000 petites entreprises de l’artisanat, du commerce et des services. L’évolution des activités est pondérée par le nombre d’entreprises recensées par l’INSEE dans chaque secteur considéré. Un questionnaire est parallèlement adressé chaque trimestre à près de 2 000 petites entreprises représentatives, permettant d’établir le baromètre du moral des dirigeants et de leurs intentions d’investissement et de recrutement.
La Fédération des centres de gestion agréés(FCGA) :
Près de 300 000 petites entreprises (TPE) et 100 Centres de Gestion Agréés (CGA)
92 % des entreprises nationales ont moins de 10 salariés
50 % des TPE imposées au BIC sont adhérentes à un CGA
|