Des livres & des auteurs
Ces entrepreneurs Made in France

Insensiblement, la France est devenue un pays d’entrepreneurs. Une révolution silencieuse dans ce (...)

Lire la suite 
Nos partenaires
 
A méditer...
Recevoir la newsletter
 
Flux RSS
http://lentreprise.lexpress.fr/creation-entreprise/franchise/
Accueil - Idées & perspectives
 
POINT DE VUE
25 ans après Maastricht, 15 ans après l’Euro, où en sont les promesses de l’union monétaire ?
Par Bruno Colmant *
 

2017 : le Traité de Maastricht a 25 ans et l’Euro 15 ans ! Que de désillusions après les envolées lyriques entourant le lancement du "Marché Unique" et d’une nouvelle monnaie européenne devant faire jeu égal avec le dollar. Avec la promesse d’apporter la prospérité aux États de l’Union... Tout n’est peut-être pas perdu, à condition d’opérer une « adaptation idéologique » de l’euro : en lui donnant comme priorité la croissance et le plein-emploi, et non plus exclusivement la lutte contre l’inflation. Telle est la proposition du Chef économiste de la banque européenne Degroof Petercam * dans une tribune que publie Consulendo.

25 ans après la signature du Traité de Maastricht, il faudrait aller au bout de la logique du "Marché Unique"

Bruno Colmant, Banque Degroof Petercam

Par Bruno Colmant, Chef économiste de la banque Degroof Petercam *

Il y a 25 ans, dans le sillage de la réunification allemande, les membres fondateurs de l’euro signaient le Traité de Maastricht (du nom d’une ville des Pays-Bas). Ce traité est à la base de l’euro, qui fut introduit de manière dématérialisée en 1999 et sous forme de pièces et de billets en 2002.

Cet anniversaire ne sera probablement pas fêté avec allégresse. Vingt ans après Maastricht, en 2012, le Président de la Banque centrale européenne (BCE) dût s’engager à « sauver » l’euro...

Depuis deux siècles, l’Europe a tenté d’unifier les cours de change de ses principaux États-membres. Les tentatives furent nombreuses : franc-or (ou franc germinal) de Napoléon Ier, Union Monétaire Latine imaginée par Napoléon III en 1865, Conférence de Genève et Accords de Gênes de 1922, bloc-or de 1933, Accords de Bretton Woods de 1944 fondés sur une parité-or entre les principales puissances développées d’après-guerre, etc.

Du "Serpent Monétaire" à l’euro...

Après le sabordage de Bretton Woods en août 1971 (par la décision unilatérale des États-Unis de suspendre la convertibilité du dollar en or -NDLR), les États européens imaginèrent un éphémère Serpent Monétaire (1972 à 1978) avant de créer, en 1979, le Système Monétaire Européen (SME) qui perdura, malgré de nombreux chocs en 1992 et 1993, jusqu’en 1999, année de l’introduction de l’euro, d’abord comme monnaie scripturale.

En 1999, les marges de fluctuation des douze monnaies participantes à la nouvelle monnaie européenne furent resserrées définitivement jusqu’à cristalliser les devises sur leur cours-pivot. L’euro était né et remplaça l’Ecu, une unité de compte européenne utilisée depuis 1979.
Les États abandonnèrent dès lors leur pouvoir régalien de battre monnaie pour le transférer à la BCE basée à Francfort.

La zone euro adopta, entre ses pays-membres, un système de cours de change fixe, incidemment très éloigné du principe de subsidiarité qui prévaut en Europe...

Une tendance déflationniste

Aujourd’hui, la zone euro regroupe 19 pays. Mais l’euro a inexorablement dérivé vers une "monnaie allemande", c’est-à-dire caractérisée par une tendance déflationniste. Avec retard, la BCE dût d’ailleurs faire tourner la "planche à billets" pour surmonter la crise économique et les difficultés d’endettement de certains États...

L’euro est, pour partie, responsable de la difficulté à renouer avec la croissance économique dans les pays-membres car c’est une devise absolue dont la gestion est essentiellement fondée sur un objectif d’inflation de 2 % plutôt que sur un ancrage dans l’économie réelle et l’emploi.

Sortir des contradictions originelles de l’euro...

Aujourd’hui, l’argumentation politique de la gestion de la monnaie unique repose sur le respect des déficits budgétaires (et donc des endettements publics) alors que c’est aux déficits commerciaux (qui reflètent l’équilibre entre les exportations et les importations domestiques) qu’il faudrait prioritairement s’intéresser. La dévaluation/réévaluation des devises des États-membres de la zone euro n’étant plus possibles, l’euro est une monnaie moyenne, c’est-à-dire trop faible pour les États-membres forts (et exportateurs nets, telle l’Allemagne) et trop forte pour les États-membre faibles (et importateurs nets).

Si la zone euro porte en elle la contradiction de son propre projet - contradiction aggravée par des endettements publics croissants et l’impossibilité de procéder à des dévaluations internes ou à des stimulations de la consommation intérieure -, alors, il faut prendre en considération une adaptation idéologique de l’union monétaire.

Celle-ci consisterait à postuler que le but premier de l’euro est la croissance de l’emploi, voire le plein-emploi. Cela supposerait une modification structurelle du mandat de la BCE mais ce n’est pas irréalisable : les États-Unis ont structuré leur politique monétaire dans ce sens.

Il s’agirait donc d’aller au bout d’un Marché Unique tel que voulu par le Traité de Maastricht !

Il faudrait aussi assurer la constitution d’une fédération fiscale et budgétaire digne d’une monnaie commune.

Il s’imposerait aussi de mettre en œuvre, de manière circonstancielle, des politiques de stimulation de la demande tout en élargissant le mandat de la BCE afin de tenir compte du niveau d’activité économique dans la politique monétaire.

Plus que jamais, la perpétuation de l’euro repose sur le fragile équilibre de l’axe franco-allemand. Sans sursaut moral et une action politique décisive, un fait politique pourrait conduire à une sécession monétaire ou, pire, déclarer un véritable schisme qui mettrait fin à une des plus stupéfiantes expériences de l’histoire des monnaies.

Ce scénario ne peut pas être moralement considéré.

Bruno Colmant

* Créée en 1871, la banque Degroof Petercam basée à Bruxelles est une institution financière indépendante proposant ses services à des investisseurs privés et institutionnels ainsi qu’à des organisations gouvernementales et sans but lucratif..

Lire aussi...
 Localisation/délocalisation
 Radioscopie des TPE
L’embellie se fait attendre...
 À chaque entreprise sa « raison d’être »
 Entreprise privée et intérêt général : compatibles ou divergents ?
 Les créations d’entreprises au plus haut !
 Débrider le potentiel de croissance des entreprises de taille intermédiaire (ETI)
 PROJET DE LOI "PACTE" 2018 : Plan d’action pour la croissance et la transformation des entreprises
 L’économie numérique doit être au service des citoyens et non l’inverse
 L’instance de dialogue au sein des réseaux de franchise :
en état de mort clinique ?
 Organisation du travail
Hyacinthe Dubreuil (1883-1971), l’inspirateur méconnu de "l’entreprise libérée"
 Ordonnances sur le dialogue social :
la spécificité des TPE prise en compte
 "Révolution du travail" : de quoi parle-t-on ?
 Le « déclassement » des PME
 TPE : l’activité n’a toujours pas retrouvé les chemins de la croissance...
 RSI :
Le réformer, oui, le supprimer, non !
 SERVICES AUX PERSONNES
L’adoption d’un "tiers-payant" doperait l’activité et l’emploi
 Le droit à la déconnexion dans l’entreprise : quelle approche adopter ?
 La solitude, "compagne de route" du chef d’entreprise
 L’« instance de dialogue social » prévue par la loi Travail verra-t-elle le jour ?
 Présentation
 Jacques Gautrand Conseil

 Imprimer

 Envoyer à un ami

  Plan du site  |   Mentions légales  |   Crédits  |   Haut de page