REGARDS CROISÉS

« Libérons les énergies ! »
Par Anne-Laure Constanza et Laurent Grandguillaume
  

Réunis par le magazine L’Express, deux représentants de la nouvelle génération de décideurs, la chef d’entreprise Anne-laure Constanza et le député (PS) Laurent Grandguillaume, ont confronté leurs idées sur l’entreprise, le travail et les blocages de l’économie françaises. Nous publions quelques extraits de leur dialogue à lire dans son intégralité dans le numéro Hors-Série Entrepreneurs de L’Express-L’Entreprise daté septembre-novembre 2016.



« Libérons les énergies ! »
pour que les entreprises grandissent et créent des emplois

Anne-Laure Constanza est la fondatrice d’une société de vente en ligne de vêtement pour des futures mamans, "Envie de Fraise" (45 emplois ) :

Anne-Laure Constanza

« Ma priorité c’est de développer mon entreprise, d’aller à l’international, or mon souci principal c’est que mes partenaires, qui sont tous en France – ateliers de production, logisticiens, etc. – ont peur de grandir, ils hésitent à embaucher (...) car, après les pics d’activité, ils se demandent ce qu’ils feront du personnel supplémentaire …Tout cela est trop compliqué. Or, ne l’oublions pas, l’emploi est d’abord créé par les PME qui grandissent et qui innovent. » (...)

« La formation des jeunes, l’apprentissage, sont un enjeu majeur. J’ai besoin de modélistes formés au numérique, je ne les trouve pas ! On doit les former nous-mêmes. Idem pour les développeurs. Notre pays dépense 37 milliards d’euros pour la formation professionnelle, bien plus que le budget des universités, et on a un taux de chômage de 25% chez les jeunes. C’est une honte ! » (...)

« Il faut absolument sortir de cette culture de défiance (de l’administration et des politiques) à l’égard de l’entreprise. Elle provient de la méconnaissance qu’ont les hommes politiques des réalités concrètes des entreprises. Or cette méconnaissance a des conséquences énormes sur les lois qu’ils votent...  » (...)

« La meilleure protection pour un salarié, c’est de travailler dans une entreprise qui se développe » (...)

« Comment créer des champions mondiaux ? Il nous faut préparer la France de demain ! (...)

« Ce dont nous, entrepreneurs avons besoin, c’est qu’on nous aide à prendre des risques, pour grandir et créer des emplois ! Mon ambition, c’est de faire d’Envie de fraise une marque mondiale. » (...)

Laurent Grandguillaume, député (PS) de la Côte d’Or, co-président du Conseil pour la simplification des entreprises.

Laurent Grandguillaume

- Laurent Grandguillaume a annoncé début septembre 2016 qu’il ne se représenterait pas aux élections législatives de 2017, fidèle à son engagement en faveur du non-cumul des mandats dans le temps. A ses yeux, « la politique ne devrait pas être une carrière, ni une rente, mais un engagement. »

« Le chantier de la simplification avance, mais c’est laborieux... Nous avons accumulé des couches successives de droit, pour protéger les consommateurs et aussi certains secteurs économiques. Simplifier, c’est revenir sur certains monopoles, favorisés par la commande publique et la centralisation. (...) (Simplifier) c’est laborieux : souvent il s‘écoule un an entre l’idée et sa mise en œuvre (...) c’est beaucoup trop long pour un entrepreneur. Il faut modifier notre manière de faire la loi, aller à l’essentiel (...) et changer de méthode : notre système où l’on veut tout vérifier a priori témoigne de la culture de défiance de nos administrations vis-à-vis des entreprises » (...)

« Au Conseil de la simplification, que je co-préside avec Françoise Holder, une chef d’entreprise (co-fondatrice des boulangeries Paul), chaque fois qu’un projet de loi est présenté en conseil des ministres, nous réunissons une dizaine d’entrepreneurs afin qu’ils donnent leur avis avant que le projet soit débattu au Parlement. » (...)

« Notre objectif est à la fois de changer de culture - passer de l’autorisation administrative préalable à la déclaration - et de réduire le temps d’instruction des dossiers, par exemple, en matière de permis d’urbanisme commercial. La France reste un pays jacobin.

Faisons davantage confiance aux entreprises et aux territoires pour inventer des solutions innovantes sur le terrain. Libérons les énergies ! (...)

Passons du principe de précaution au principe d’expérimentation ! Faisons moins d’idéologie et soyons davantage à l’écoute du réel. » (...)

« Les entrepreneurs prennent des risques, ils ont une conscience aiguë de leur environnement, et à travers leur projet d’entreprise, ils contribuent à changer la société. »(...)

« Il faut réduire la complexité qui pèse actuellement sur les entreprises (...) et sortir d’une logique de seuils-couperets liés aux effectifs. Car aujourd’hui quelle est la conséquence des seuils sociaux ? Les entreprises externalisent leur main d’œuvre ! C’est la logique des plateformes Internet qui sont devenues des multinationales qui réalisent un gros chiffre d’affaires et qui ont en France moins d’obligations qu’une TPE car elles ont limité leurs effectifs en ayant recours à des indépendants. » (...)

« Les jeunes générations expriment une double quête d’autonomie et de sens. Ma conviction est qu’il est possible de combiner liberté économique et protection des individus, à travers des dispositifs comme le « compte personnel d’activité », qui devrait permettre d’accumuler des droits sociaux, quel que soit son parcours professionnel ». (...)

- Débat mené par Valérie Lion et Jacques Gautrand pour L’Express (de gauche à droite) Anne-Laure Constanza, Jacques Gautrand, Valérie Lion, rédactrice en chef adjointe de L’Express et Laurent Grandguillaume, au siège de L’Express.

- Lire le texte complet du dialogue entre Anne-laure Constanza et Laurent Grandguillaume dans L’Express-L’Entreprise H-S N°20 septembre-novembre 2016