La chronique de Jacques Gautrand - Juin-Juillet 2014

5 conseils à un futur créateur d’entreprise  

L’approche de l’été est souvent propice à ceux qui portent en eux un projet de changement, de reconversion, un besoin d’indépendance, un désir d’entreprendre, l’envie de voler de ses propres ailes...

Paradoxalement, ce sont les périodes de crise économique et de taux élevé de chômage qui voient éclore les vocations d’entreprendre : nécessité fait loi ! Il faut vivre, créer son emploi. Se débrouiller ! Surtout si l’on arrive en « fin de droits » ...

Les entrepreneurs les plus aguerris sont souvent ceux qui n’avaient pas d’autre alternative que d’aller de l’avant ; qui étaient dans l’obligation de résultats pour eux-mêmes et pour leurs proches.

Or le monde ne progresse que grâce à ces créateurs qui ont tout risqué dans leurs projets. Qui ont tout misé - leurs économies, leur énergie, leurs nuits sans sommeil - dans l’aventure aléatoire de la création. A l’image d’un Bernard Palissy brûlant ses meubles pour parvenir à arracher le secret de la céramique ...



« Cultive les qualités et les traits de caractère qui feront de toi un entrepreneur... »

C’est vrai que le climat actuel de morosité dans notre pays, de découragement ou d’exaspération, le poids des contraintes administratives, fiscales, sociales, culturelles, ont de quoi décourager les plus intrépides. C’est vrai que de nombreux jeunes se tâtent, se demandant s’ils ne feraient pas mieux d’aller créer leur entreprise dans un autre pays de l’union européenne, plus conciliant avec les entrepreneurs et les investisseurs ...

Il n’empêche, des dizaine de milliers de Français continuent à se mettre à leur compte, à créer leur boîte. Parce que même si elle est difficile, même si elle peut paraître une folie aux yeux des blasés qui se rassurent derrière un "ça-ne-marchera-jamais", l’aventure de la création est source de satisfaction personnelle, d’épanouissement et de progrès individuel et social (elle fait grandir !)

Alors, avant de te jeter à l’eau, profite des jours les plus longs pour peaufiner ton projet et mettre toutes les chances de réussite de ton côté.

Et voici mes cinq conseils :

- 1. Sois résolu : même s’il s’agit de "créer ton propre emploi" (ce qui n’est déjà pas si mal aujourd’hui !) plutôt que le futur Google, engage-toi de façon positive et non "par défaut", faute de mieux.

- 2. Mets en mots ton projet : sur écran ou sur papier, rédige le scenario de ton aventure, avec ses acteurs clés (activité, produits ou services, clientèle, partenaires…). Sois à la fois réaliste et ambitieux ; projette-toi dans le futur …et parle de ton projet autour de toi, rencontre d’autres entrepreneurs. Et fuis tous ceux qui, installés dans leur confort et leurs certitudes, te diront : "si ton idée était si géniale, d’autres l’auraient sûrement eue déjà"...

- 3. Recherche le soutien de tes proches : ce sont tes premiers alliés et ton premier public. C’est auprès d’eux que tu vas t’exercer à développer la capacité à convaincre dont tu auras rudement besoin pour aller démarcher tes premiers clients, tes futurs partenaires, ton banquier, etc.

- 4. Abandonne ta mentalité de salarié, pour te forger un mental d’indépendant ! Tu dois cultiver des qualités et des traits de caractère qui feront de toi un entrepreneur :

Etre optimiste : l’entrepreneur voit toujours le bon côté des choses, le verre à moitié plein, les opportunités à saisir là où les autres ne voient que les dangers ;
Avoir une bonne estime de soi : croire à son projet, ne pas se décourager à la première objection !
Dégager une énergie positive : il faut donner aux autres l’envie d’acheter tes produit ou tes prestations ; rassurer, inspirer confiance.
Etre curieux, toujours en éveil : observer les tendances, les évolutions ; sentir les nouveaux besoins de la société ; innover …
Etre opiniâtre, endurant : poursuivre sans relâche ses buts ; revenir sans cesse à la charge, monter au créneau… Et ne pas compter son temps : on est entrepreneur 24 heures sur 24 !
Etre autonome et ne jamais se décourager : tu vas devoir régler une foule de problèmes, décider, trancher, et, si nécessaire, changer de cap … Tu te répéteras qu’il y a toujours de la lumière au bout du tunnel, aussi long et obscur soit-il !

- 5. Enfin ne reste pas seul ! Fais-toi accompagner et ose demander conseil : «  Celui qui demande conseil, grandit », dit un proverbe chinois.
Recherche l’appui de professionnels et de réseaux spécialisés dans l’accompagnement des créateurs. Il existe de nombreuses organisations, associations, clubs d’entrepreneurs, réseaux, à commencer par l’APCE, l’agence pour la création d’entreprise qui prend un nouveau départ sous l’impulsion de Dominique Restino, chef d’entreprise, président fondateur du MoovJee (voir ci-dessous *).
Les membres du CJD (Centre des jeunes dirigeants) ont coutume de dire « Un entrepreneur qui sort, s’en sort ! »

Et, me diras-tu, tu ne me parles pas d’argent ?
Certes, c’est le nerf de la guerre (économique). Et il serait fallacieux de croire que l’on peut créer son entreprise avec un seul euro ... Il vaut mieux disposer d’un minimum d’épargne personnelle
- d’autant que, les premiers mois, il est rare qu’un créateur puisse se rémunérer.
Trop d’entreprises qui démarrent avec insuffisamment de capitaux propres sont contraintes de mettre la clé sous la porte dans les trois ans.

Mais il existe aujourd’hui de nombreux dispositifs qui permettent de muscler ses fonds propres, comme les « prêts d’honneur » (sans intérêt et sans garantie) octroyés par des réseaux tels que Initiative France, France Active ou Entreprendre. Sans oublier le micro-crédit de l’ADIE et les promesses du crowd-funding ... (1)

Et vois-tu, je ne crois pas que l’argent soit le premier facteur de succès de la création d’entreprise. Il est second par rapport à l’envie, la motivation, les idées et l’énergie du créateur qui sont le premier moteur, capable d’entraîner les ressources nécessaires au projet.
Ensuite, n’oublie pas que ce sont les clients, et leur satisfaction, qui deviendront les principaux financiers de ton entreprise. Et les garants de sa pérennité.
Cela est sain, d’ailleurs, car quelle est la vocation d’une entreprise sinon de répondre à des besoins, mieux que cela n’était fait auparavant.

Il me reste à te souhaiter bonne chance !

Et un bel été 2014 !

Jacques Gautrand
jgautrand @ ] consulendo.com

(1) Lire aussi notre article : « Le prêt à la création d’entreprise en questions »

* Un nouvel élan pour l’APCE

Dominique Restino, chef d’entreprise, Président fondateur du MoovJee et de l’IME France, a été élu à l’unanimité, le 30 avril 2014, président de l’Agence pour la création d’entreprises (APCE), sur l’avenir de laquelle il avait rédigé, fin 2013, un rapport à la demande du gouvernement. « C’est un grand honneur de présider l’APCE, a -t-il déclaré à cette occasion. Je sais la contribution qui est la sienne depuis de nombreuses années et au quotidien. Ce sont plusieurs millions d’entrepreneurs qui bénéficient de ses services. Je suis heureux que le tour de table ainsi réuni reflète une volonté unanime et traduise la cohérence des ambitions pour la création d’entreprise dans notre pays. Je tiens à saluer et à remercier Frédérique Clavel (son prédécesseur - NDLR) et l’ancien conseil pour leur excellent travail ».

Une nouvelle gouvernance de l’APCE a été mise en place afin de permettre la poursuite de la mission d’intérêt général de l’agence : avec le maintien de l’Etat, à périmètre constant, et l’entrée significative au sein du conseil d’administration de la Caisse des dépôts - représentée par six administrateurs - et de Pôle emploi, ainsi que la reconduction des grands acteurs institutionnels représentant les chambres consulaires (CCI France *, APCMA), les Ordres (CSOEC, CNB) et Bpifrance.

La nouvelle gouvernance a pour mission de définir le projet pluriannuel (2014-2017) de l’agence afin d’en assurer la pérennité. Ce projet sera mis œuvre par le nouveau président, Dominique Restino, « avec pour mission de faire de l’Agence pour la création d’entreprises un acteur de place fédérateur, lui permettant de contribuer davantage encore à l’efficacité des politiques publiques de soutien aux créateurs et repreneurs d’entreprise. »

* La contribution des Chambres de commerce reste à confirmer depuis que le réseau CCI France a décidé, lors de son assemblée générale du 27 mai, de suspendre sa coopération avec l’Etat sur les grands chantiers en cours.