4ème Euromed Capital Forum - Tunis 30 & 31 mai 2013

Capital Investissement & croissance des PME dans les pays riverains de la Méditerranée  

TUNIS. La 4ème édition d’Euromed Capital Forum * a réuni quelque 400 participants - investisseurs, financiers, chefs d’entreprise, décideurs économiques et politiques - pour deux jours de conférences et d’échanges intenses au Ramada Plaza de Tunis- Gammarth, les 30 et 31 mai 2013.
Stimuler la croissance et créer des emplois, sont deux exigences qui s’imposent pareillement aux pays de la rive Nord et de la rive Sud, en dépit des différences dans le contexte institutionnel, économique et géopolitique de part et d’autre de la Méditerranée.

Face à ces défis, les participants du Forum ont souligné que les entreprises et notamment les PME, constituaient les meilleurs vecteurs pour créer des richesses et des emplois dans la région. A condition de disposer de fonds propres suffisants pour financer leur développement et assurer leur pérennité. D’où le rôle essentiel que jouent les fonds de capital investissement lorsqu’ils soutiennent les stratégies de croissance des entreprises, en leur apportant non seulement des capitaux, mais aussi du conseil stratégique et des règles de gouvernance.

Ainsi, les participants à ce 4ème Euromed Capital Forum se sont accordés pour demander aux pouvoirs publics des pays de la zone Euro-Méditerranée, des signaux forts en faveur de l’entrepreneuriat, de façon à susciter la confiance des acteurs économiques afin qu’ils investissent et créent des emplois dans la région.
J.G.



FINANCER LES PME POUR GENERER CROISSANCE ET EMPLOIS DANS LES PAYS MEDITERRANEENS

Quelque 400 décideurs venant de 15 pays différents ont participé à la 4ème édition d’Euromed Capital Forum qui s’est tenue à Tunis les 30 et 31 mai 2013.

Dominique Nouvellet, président du groupe Siparex >« Le succès de ce Forum montre qu’en dépit des contraintes économiques et politiques et peut-être à cause d’elles, le besoin de rapprochement entre les entrepreneurs et les financiers des deux rives de la Méditerranée s’est considérablement accru », a déclaré au terme des deux jours de rencontres et d’échanges, Dominique Nouvellet, Président de l’association Euromed Capital Forum *, et par ailleurs fondateur du Groupe Siparex.

Voici quelques uns des principaux points abordés au cours de ce 4ème Euromed Capital Forum :

- Le dynamisme des fonds de capital investissement sur la rive sud de la Méditerranée et le professionnalisme de leurs équipes apparaissent comme une réalité remarquable.

- Des évolutions réglementaires et fiscales sont indispensables dans ces pays pour renforcer le développement des opérations et l’accompagnement de la croissance des entreprises.

- Les participants au Forum ont souligné qu’un cadre réglementaire et fiscal stable était une condition indispensable pour attirer les investisseurs au Nord comme au Sud de la Méditerranée. A ce propos, il a été rappelé que la non-convertibilité des monnaies des pays de la rive Sud et les dévaluations freinaient la coopération régionale entre investisseurs.

- Les participants se sont accordés pour demander aux pouvoirs publics des pays de la zone Euro-Méditerranée, des signaux forts en faveur de l’entrepreneuriat, de façon à susciter la confiance des acteurs économiques afin qu’ils investissent et créent des emplois.

- Pour favoriser un développement équilibrée des différentes régions des pays riverains de la Méditerranée, des politiques régionales sont indispensables ; elles doivent pouvoir s’appuyer sur des fonds de financement régionaux gérés par des professionnels du capital investissement, ainsi que sur des partenariats publics/privés pour financer notamment des programmes d’infrastructures.

- Le 4ème Forum Euromed Capital a aussi mis en valeur de nouvelles formes de financement de l’initiative privée qui se développent avec succès dans la région : Business Angels, micro-crédit, « finance inclusive », crowd-funding … autant d’initiatives qui doivent être soutenues et encouragées.

- Ce Forum a confirmé une forte demande d’échange d’expériences et de coopération entre les différents acteurs. Dans cette perspective, les participants au Forum ont appelé de leurs vœux le lancement d’une plate-forme régionale de capital-investissement.

- Enfin, ce 4ème Forum, comme ses prédécesseurs, a permis de renforcer échanges d’informations et partages de bonnes pratiques au profit de l’ensemble des acteurs, non seulement des rives Nord et Sud de la Méditerranée, mais également au bénéfice des investisseurs en private equity opérant en Afrique Sub-Saharienne, dont beaucoup sont basés au Maroc et en Tunisie.

DES INTERVENANTS VENUS DE QUINZE PAYS

Au nombre des personnalités qui sont intervenues lors de ce 4ème Forum Euromed Capital, on peut mentionner :

-  Slim Besbes, Ministre conseiller auprès du chef du gouvernement tunisien chargé du dossier économique,
-  Ilyes Fakhfakh, Ministre des Finances de Tunisie,
-  Philippe de Fontaine Vive, Vice-président de la Banque Européenne d’Investissement (BEI),
-  Jaloul Ayed, ancien ministre des Finances de Tunisie, auteur de Tunisie : La route des jasmins (éditions de La Différence),
-  Enrique Baron Crespo, ancien Ministre du Gouvernement espagnol, ancien Président du Parlement Européen.

Parmi les speakers et intervenants dans les tables rondes et ateliers du Forum, la plupart provenaient de pays riverains de la Méditerranée (Algérie, Egypte, Espagne, France, Italie, Liban, Libye, Maroc, Tunisie, Turquie), mais sont aussi venus d’autres pays (Canada, Etats-Unis, Grande-Bretagne, Luxembourg, Pays Bas...)

Jaloul Ayed >Jaloul Ayed :
« Un Etat intelligent, propulseur d’énergie pour accompagner le développement des PME »

Dans son intervention, Jaloul Ayed, ancien ministre des Finances du gouvernement de Transition de Tunisie et Vice-président d’Euromed Capital Forum, a rappelé qu’aujourd’hui "l’Etat ne peut pas tout !"

Face au défi des nombreux emplois à créer, notamment pour répondre aux attentes légitimes des jeunes diplômés au Sud de la Méditerranée, ce sont essentiellement les investissements du secteur privé et des PME qui tireront la croissance.

Pour cela il faut encourager le capital investissement et notamment les fonds d’investissement régionaux.

« Il faut créer un vrai marché du Private Equity » (en Afrique du Nord), a plaidé l’ancien ministre des Finances de Tunisie ; il a rappelé que, dans ses précédentes fonctions, il avait lancé la réforme totale du statut du Private Equity en Tunisie, « métier très récent et difficile ». Et qu’il fallait poursuivre dans cette voie afin de renforcer le financement en fonds propres des PME, actuellement sous-capitalisées. Or « 80% des concours bancaires (en Tunisie) ne vont pas aux PME », a-t-il déploré, alors que les PME représentent 97% du tissu des entreprises et emploient 40% de la main d’oeuvre en Tunisie...

Jaloul Ayed a appelé de ses vœux « un Etat intelligent qui favorise l’initiative privée, un Etat propulseur d’énergie qui accompagne le développement des entreprises. »

* Rappelons que Jaloul Ayed viennt de publier « Tunisie : La route des jasmins » (éditions de La Différence)

BEI
« Renforcer nos actions en faveur de l’innovation et de l’entrepreneuriat au sud de la Méditerranée. »

Philippe de Fontaine Vive- Extraits de l’intervention de Philippe de Fontaine Vive, Vice-président de la BEI, à Euromed Capital Forum :

« Comme l’exprime l’intitulé de notre colloque, c’est bien de croissance, d’emploi et de rebond qu’il s’agit dans toute la région. Je dis bien « dans toute la région », parce que, comme vous, je suis frappé de constater combien les difficultés mises à jour au sud par les révolutions arabes trouvent un reflet saisissant dans le soulèvement de la jeunesse face à la crise économique sur la rive nord de la Méditerranée : en effet, les deux mouvements mettent en doute de l’impartialité de l’État, exigent plus d’équité sociale et générationnelle, souhaitent une plus grande responsabilité des élites politiques. Ceci sur un fond commun de problématiques transversales à la région : gestion des ressources essentielles, adaptation au changement climatique, équilibre territorial et urbain, aspiration à la mobilité, etc. Cette concordance politique et matérielle indique que le progrès économique n’est rien s’il n’est pas soutenu par une logique de convergence et une vision de la transition à l’échelle régionale.

"Printemps de la Méditerranée"

(...) Si nous voulons faire du Printemps arabe un « Printemps de la Méditerranée », nous devons réussir la trilogie : emplois, innovation, équilibre régional. Et l’industrie du capital investissement – au sens large du terme, c’est-à-dire, y compris la microfinance – est bien l’outil adapté à la mise en œuvre de ces objectifs.

(...) « Les quelque 190 entreprises ayant bénéficié de l’intervention des 40 fonds [de capital investissement] soutenus par la FEMIP (bras financier de la BEI pour 9 pays méditerranéens ) ont créé - ou préservé - 42.000 emplois, plus que doublé leur chiffre d’affaires, généré quelque 500 millions de recettes d’exportation (...) Quant aux 22 millions d’€ investis par la FEMIP dans les institutions de microfinance, ils ont permis d’atteindre 830.000 micro-entrepreneurs – à 53% des femmes – pour la réalisation de 740.000 projets à travers des prêts d’un montant moyen de 600 €." (...)

Mais c’est surtout sur les effets de transformation sociale que l’on peut apprécier l’efficacité du capital investissement et de la microfinance : dans les entreprises soutenues, la masse salariale est plus que doublée, le nombre d’emplois féminins est multiplié par deux et les dépenses de formation professionnelle sont triplées.

Toutes ces données traduisent l’effet de montée en gamme des entreprises ayant recours aux financements de haut de bilan dans les économies émergentes de la Méditerranée. Cette amélioration qualitative des emplois, comme des performances économiques permet de préparer les « champions régionaux » de la nouvelle croissance qu’appellent de leurs vœux les pays en transition démocratique : de meilleurs emplois dans des économies plus équitables (tant d’une point de vue générationnel que entre les genres), préparant une intégration régionale fondée moins sur les institutions que sur des liens de commerce et de prospérité partagés.

(...) Par ailleurs, j’ai voulu renforcer nos actions en faveur de l’innovation et de l’entrepreneuriat au sud de la Méditerranée ; ceci passe par le financement des technopoles comme au Maroc et en Tunisie, mais aussi par de l’assistance technique aux gouvernements sur la définition de leurs politiques publiques de l’innovation, qu’il s’agisse du lien entre universités et entreprises, mais aussi du cadre réglementaire et fiscal favorable à la mobilisation des investisseurs privés.

Enfin, je compte élargir également notre soutien à la microfinance parce qu’elle constitue un levier essentiel du développement du petit entrepreneuriat et de l’auto-entreprise. »

* A PROPOS d’EUROMED CAPITAL FORUM

Créée en 2005, l’association Euromed Capital Forum rassemble l’ensemble des acteurs et professionnels de l’écosystème du Capital Investissement des pays du pourtour méditerranéen. Elle a pour but de faciliter le partage d’informations et les échanges entre les différents acteurs du Capital Investissement et ses partenaires - investisseurs et entreprises - sur les deux rives de la Méditerranée.
Depuis sa création, l’association a organisé 4 Forums internationaux : Lyon (2005) ; Tunis (2008) ; Tanger (2009) ; Tunis (2013).

Consulendo.com est partenaire d’Euromed Capital Forum

4ème Euromed Capital Forum - Tunis 30 mai 2013
- Une des conférences plénières du 4ème Euromed Capital Forum : «  L’importance du Capital Investissement dans le développement des entreprises »
Les intervenants (de gauche à droite) : Mehdi Tahiri (Capital Invest Group - Maroc), Laurent Demey (Amethis Finance - France), Romen Mathieu ( EuroMena Capital Trust - Liban), Isabelle Bébéar (CDC Entreprises - France), Ahmed Badreldin ( The Abraaj Group - Dubai), Bertrand Rambaud (Groupe Siparex - France) et Jacques Gautrand (Consulendo.com), l’animateur de la table ronde.