Que nous apprend ce quarantième baromètre Fiducial des TPE réalisé par l’IFOP ?
Même si trois dirigeants de TPE sur quatre considèrent que le métier de chef d’entreprise est plus difficile aujourd’hui qu’il y a dix ans, une forte proportion d’entre eux se dit prêt à retenter l’aventure (73%). Et ils sont 63% à conseiller à leurs enfants ou petits-enfants de devenir chef d’entreprise. Un message, comme on l’a vu, qui trouvera un terrain favorable auprès des jeunes générations.
D’autant que le ressort principal de la création d’entreprise reste toujours le même. Lorsqu’on demande aux dirigeants de TPE installés ce qui les a poussés à se lancer, ils répondent en majorité : « ne pas avoir à rendre de comptes à un supérieur » !
Les entrepreneurs sont des personnalités foncièrement indépendantes qui vivent mal tout lien de subordination à un supérieur hiérarchique ...
Mais il y a un point intéressant que dans ce baromètre Fiducial : les patrons de TPE ne sont pas enclins à grandir. Seuls 9% d’entre eux envisagent d’augmenter leurs effectifs au cours de l’année prochaine - soit le niveau le plus bas depuis la création du baromètre en 2007 ! Et seulement 20% déclarent vouloir augmenter la taille de leur entreprise dans les dix ans qui viennent.
Indépendant, chef d’entreprise : deux démarches et deux vocations à ne pas confondre
Cette situation met en lumière la différence fondamentale qui existe entre un « indépendant » et un « chef d’entreprise ». Tous les deux ont la fibre entrepreneuriale, tous les deux sont foncièrement indépendants, mais le périmètre de leur « engagement » n’est pas le même.
Les deux sont pro-actifs : ils veulent décider, s’engager et pouvoir constater le résultat de leurs choix.
Mais prendre une décision – ce qui est la prérogative de tout dirigeant – est beaucoup plus simple pour un indépendant qui n’emploie pas de salariés. Car son choix, bon ou mauvais, n’aura de conséquence que sur lui-même.
En revanche, le dirigeant d’une entreprise qui emploie plusieurs salariés a « charge d’âme ». Ses décisions engagent une communauté de travail. Laquelle est aussi, qu’on le veuille ou non, une « communauté de destin ».
Car un « responsable », est, par définition, la personne capable de « répondre » de ses choix face aux autres. Et d’en assumer les conséquences.
C’est pourquoi tout le monde n’a pas les qualités nécessaires d’un "chef" d’entreprise.
Oui, il faut encourager tous ceux qui veulent se mettre à leur compte. La France pourrait compter de 500 000 à un million d’indépendants supplémentaires !
Mais faire émerger une vague de véritables "chefs" d’entreprise est une tâche plus complexe. Qui suppose un « éco-système », un environnement culturel, universitaire, juridique, réglementaire, fiscal ... particulièrement favorable. Et que notre pays est loin d’avoir, malgré tous les discours officiels dans ce sens.
La responsabilité d’un chef d’entreprise est celle de chef d’une entité collective.
Si 1,8 million « d’entreprises » en France n’ont aucun salarié, c’est que la plupart de ces indépendants ( foncièrement des « solos ») n’ont nullement l’intention d’embaucher ou de grandir.
Au mieux, ils sont très heureux tout seuls ; au pire , ils se débrouillent comme ils peuvent(souvent grâce à l’aide de leur conjoint). Mais ils n’ont généralement ni l’envie ni la volonté de grandir, car cela n’est pas leur vocation, cela ne rentre pas dans leur projet de vie. « Gérer du personnel ? Non merci ! » répondent-ils en substance.
Il est donc important de cibler, par des dispositifs et des encouragments spécifiques, les chefs d’entreprises qui ont intérêt à grandir et à se développer, parce qu’ils en ont l’envie, le projet, l’ambition.
Ils sont naturellement beaucoup moins nombreux que les indépendants "solos" (solitaires invétérés !) : quelques centaines de milliers. Mais ces chefs d’entreprise sont le "fer de lance" de notre économie, parce que réeellement porteurs d’un potentiel de croissance et d’emplois.
Il est indispensable que les pouvoirs publics créent un environnement "sur mesure", propice à la croissance à laquelle ces chefs d’entreprise aspirent.
Que demandent-ils ? moins de complications administratives, réglementaires, fiscales. Et surout que la charge de la protection sociale de l’ensemble des Français ne repose pas uniquement sur le ponctionnement de la valeur ajoutée produite par ces employeurs volontaires.
C’est pourquoi, la réforme de la fiscalité qui pèse sur le travail est urgente !
Une action publique qui confond et mélange, dans sa panoplie de mesures, les indépendants et les chefs d’entreprise perd en efficacité car elle est inadaptée aux premiers comme aux seconds. Et elle prive le pays d’un potentiel de développement économique considérable. Un potentiel dont la France a bien besoin en ce moment.
Jacques Gautrand
jgautrand[ @ ]consulendo.com
(1) - « La Génération Y face à l’Entreprise », sondage Opinion Way pour KPMG, octobre 2010. Lire les résultats complets
(2) - "Les moins de 30 ans et l’esprit d’entreprise en France", sondage Opinion Way réalisé pour l’APCE, CER France, le Codice et le Salon des Entrepreneurs, janvier 2010.
(3) - Enquête réalisée par l’IFOP pour Fiducial auprès d’un échantillon de 1 003 dirigeants de TPE de 0 à 19 salariés, constitué selon les critères secteur d’activité de l’entreprise, taille de l’entreprise, région d’implantation de l’entreprise et interrogé par téléphone du 19 octobre au 4 novembre 2010. Lire les résultats du baromètre Fiducial
Les indépendants sont « essentiels à la croissance économique du Royaume-Uni », estiment le gouvernement de David Cameron et les milieux d’affaires britanniques.
C’est ce que nous apprend la Cybergazette , l’excellente revue électronique des freelances, animée par Michel Paysant :
« Je dois vous exprimer la haute admiration que je porte à des gens qui quittent le confort d’un salaire régulier pour se mettre à leur compte. Cela demande un grand courage – et, sans ce courage, notre pays serait un endroit plus pauvre. Les 1,4 million de freelances dans notre pays apportent une contribution massive à notre économie. De plus en plus de gens choisissent le travail en freelance, reconnaissant qu’il représente le juste équilibre entre le travail et la vie personnelle au 21e siècle, et, en se battant pour la croissance économique ce gouvernement leur emboîte le pas. » Telle est la teneur du message adressé par David Cameron, Premier ministre britannique au PCG (Professionnal Contractors Group), l’association des freelances au Royaume-Uni, le 23 novembre 2010.
Une étude commanditée par le PCG révèle que 60 % des businessmen britanniques confessent qu’il serait difficile de faire des affaires sans les freelances ; 55 % des hommes d’affaires estiment qu’ils sont essentiels à la croissance britannique, et 64 % que le concept de la journée de travail de 9H à 5H est ‘ringarde’ et ne s’applique plus à ceux avec lesquels ils travaillent. Du côté des professionnels indépendants, 73 % des 1 624 freelances interrogés par le PCG déclarent avoir choisi le travail indépendant comme une option de carrière à long terme. « Nous sommes heureux de constater que le travail indépendant est vu comme une nécessité par le monde des affaires à travers le Royaume-Uni », déclare John Brazier, directeur du PCG.
Découvrez la Journée du Freelance au Royaume Uni
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