La couverture médiatique des problèmes aggrave-t-elle la crise ?
Par Giles Pouzin *
Le rôle de la confiance est essentiel dans les relations humaines au cœur de l’économie, et au delà.
Le droit de propriété, l’épargne, l’investissement ou le crédit, les obligations qui portent si bien leur nom, les gros billets qui ne sont que des bouts de papier ou encore la force du contrat quel qu’en soit l’objet, n’existent que parce que les gens y croient : ils ont confiance dans la contrepartie de leur engagement.
« Rien ne peut exister sans la confiance », résumait un financier inquiet pour la solvabilité de son établissement. Effectivement, il n’y a pas de solvabilité sans confiance. Mais l’inverse n’est pas vrai, car un débiteur peut devenir insolvable malgré la confiance de ses créanciers. Il arrive à des particuliers, comme à des banques, de ne plus pouvoir payer leurs dettes après une perte exceptionnelle. Dans ce cas, on ne peut pas dire que le fait de croire ou de ne pas croire à leur insolvabilité en soit la cause.
Certes, il y a des choses qui peuvent arriver du seul fait que l’on y croit, comme les faillites d’établissements financiers en cas de retrait des épargnants paniqués. Mais on a aussi vu d’autres phénomènes, pourtant relayés par la presse, s’avérer bien moins réels que ce qu’on croyait, comme la croissance durable des pays émergents ou la solidité de l’économie américaine. Et on a vu davantage de catastrophes auxquelles personne ne croyait devenir réelles, comme la chute de 60% de la Bourse ou la faillite de l’Islande et de la banque Lehman Brothers. Est-ce que les problèmes arrivent parce qu’on y croit ou que la presse en parle ?
Suffirait-il de ne pas croire aux crises, ou que la presse les cache, pour y échapper ?
Croire que la presse aggrave la déprime des consommateurs et des investisseurs, qui serait elle-même responsable de la crise, est une erreur qui peut avoir des conséquences graves.
* Gilles Pouzin est rédacteur en chef du « Revenu Placements »
Article publié avec l’aimable autorisation de son auteur. Publication originale : « La Lettre Privée de l’Académie de la finance », lettre trimestrielle du Groupe Revenu Multimedia (numéro 21, 1er trimestre 2009).
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