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L’éditorial de Jacques Gautrand - Mars 2011
La Méditerranée et nous
 

Les bouleversements politiques sur la rive sud de la Méditerranée nous concernent directement. Comme Français ; comme Européens et comme Méditerranéens.
Nous partageons cette particularité avec quelques autres pays de l’Union européenne : nous possédons une façade maritime sur la Mare Nostrum. Depuis les temps les plus reculés, nos ancêtres ont échangé, négocié, ferraillé, commercé avec les peuples du Bassin Méditerranéen. Comme les Phéniciens qui nous ont apporté la céramique et l’alphabet. Ou les Grecs qui fondèrent Marseille, il y a vingt-cinq siècles …

Nous partageons des pans d’histoire commune avec les pays de la rive sud et orientale de la Méditerranée. Nous nous référons à des réminiscences culturelles communes, nous nous remémorons des événements et des personnages historiques, des figures mythiques et littéraires qui ont façonné nos imaginaires collectifs, de part et d’autre de cette mer « intérieure », berceau des trois religions du Livre.
Depuis la période des indépendances (il y a plus de cinquante ans déjà !), des millions de personnes originaires des pays du Sud sont venues s’installer chez nous, y ont fait leur vie, élevé leurs enfants et petits-enfants, tout en gardant des liens avec l’autre côté de la Méditerranée.

Au cours des années quatre-vingts puis quatre-vingt dix, l’attention et la sollicitude des Etats européens ont été accaparées - on le comprend et c’était légitime - par les transformations radicales intervenant à l’Est : soulèvement des chantiers navals en Pologne, chute du mur de Berlin, effondrement de l’Union soviétique, démantèlement du « rideau de fer », intégration de nouvelles démocraties au sein de l’Union européenne … Les entreprises de l’Ouest ont vu dans ce Printemps démocratique la promesse alléchante de nouveaux débouchés, de nouveaux clients et des réservoirs de main d’œuvre bon marché propices à la sous-traitance manufacturière ou aux délocalisations. Sans parler des sirènes asiatiques qui attiraient irrésistiblement nos hommes d’affaires ...

Tout cela s’est traduit par un moindre intérêt porté aux pays du Sud de la Méditerranée et de l’Afrique, par un désengagement progressif au cours des vingt-cinq dernières années de nos entreprises de cette zone pourtant stratégique pour notre avenir. Comme chacun le sait, ces pays disposent de ressources énergétiques et minières vitales pour l’Europe. Et surtout ils représentent, à quelques milles marins du Rocher de Gibraltar, un potentiel économique considérable pour le Vieux continent en quête de nouveaux relais de croissance. Et aujourd’hui, ce sont eux qui vivent à leur tour un "Printemps démocratique" ...

La Méditerranée et nous

L’Europe se doit d’aider et d’accompagner, à leur demande, les pays de la rive sud de la Méditerranée dans la mutation historique qu’ils vivent aujourd’hui. Elle en a l’obligation morale. Et c’est aussi dans notre intérêt commun bien compris.

Au-delà des réserves fossiles en gaz et en pétrole appelées à se tarir, l’ensoleillement exceptionnel de l’Afrique du Nord a suscité de gigantesques projets de centrales solaires, afin de capter cette énergie inépuisable tant pour les besoins locaux que pour l’exporter vers la rive nord. Les changements politiques en cours ne doivent pas remettre en cause de tels projets qui sont de nature à renforcer l’interdépendance Nord-Sud tout en créant de nouvelles sources de richesses en Afrique du Nord.

Le défi démographique.

L’autre caractéristique des pays de la rive sud, c’est leur dynamisme démographique. Il constitue à la fois un atout et une formidable contrainte. Leur population double, en effet, tous les vingt-cinq ans en moyenne. De Tanger au canal de Suez, les cinq pays de l’Afrique du Nord comptent aujourd’hui quelque 175 millions d’habitants. Soit presque autant que dans les pays de l’Union Européenne bordant la rive nord... Au sud, les populations sont très jeunes et les emplois manquent. Le chômage de masse (y compris chez les diplômés) nourrit les ressentiments et les frustrations de toutes sortes ; il pousse à l’émigration et a été un des principaux détonateurs des révolutions en cours.

Les Etats d’Afrique du Nord sont dans l’obligation de créer des millions d’emplois dans un laps de temps très court. Ce défi est aussi pour partie le nôtre si nous ne voulons pas voir accoster sur nos rivages des vagues incessantes d’immigrés ...

Nos pays et nos entreprises doivent investir au Sud non seulement pour trouver le supplément de croissance économique qui nous manque en Europe mais aussi pour contribuer à la création de richesses et d’emplois indispensables au développement harmonieux de l’Afrique du Nord.

La BEI doit apporter des capitaux aux PME des deux rives.

Dans les mutations en cours, il est du devoir de l’Union européenne d’aider les pays du sud à réussir une transition vers plus de démocratie et de croissance durable et équitable.

L’Europe doit, dans le même temps, s’appuyer sur des institutions comme la BEI (Banque Européenne d’Investissement) afin d’inciter et d’accompagner nos entreprises - groupes et PME - à intensifier leur coopération avec les pays du Sud. Il s’agit de mettre en place des dispositifs de garantie publics (assurance-crédit ; cautionnements mutuels) permettant de sécuriser les investissements et les courants d’affaires entre les deux rives. Il faut faire en sorte que s’accroissent sensiblement les flux de capitaux privés d’origine européenne - directs ou via les sociétes de capital-investissement - destinés à des projets productifs et créateurs d’emplois au Sud (la BEI s’est déclarée prête à augmenter ses concours en faveur des entreprises opérant en Afrique du Nord et l’idée d’une banque de développement méditerranéenne a été étudiée dans le cadre de l’Union pour la Méditerranée ...).

S’appuyer sur les talents d’une nouvelle génération de managers au Sud

Il existe dans les pays de la rive sud des managers formés aux meilleures écoles internationales, notamment aux Etats-Unis ou en Grande-Bretagne : ils doivent devenir les interlocuteurs réguliers de nos chefs d’entreprise. Voyez la réussite d’un Slim Zeghal qui depuis la Tunisie a créé un groupe spécialisé dans l’emballage industriel étendant ses ramifications au Sud comme au Nord.

Les chambres de commerce bilatérales ont un rôle urgent à jouer pour faire connaître ces nouveaux managers et faciliter la mise en relation avec des chefs d’entreprises européens, dans le but d’initier des partenariats, de développer des courants d’affaires, de lancer des joint-ventures. Des réseaux comme le CJD (Centre des jeunes dirigeants) peuvent aussi jouer un rôle moteur.

Certes, ne l’oublions pas, il reste encore des obstacles réglementaires, monétaires, tarifaires, fiscaux ... et aussi des méfiances à lever entre les deux rives. Mais tout ceci ne doit pas être un prétexte à la procrastination ou au renoncement. Le processus démocratique voulu par les populations du Sud doit aussi s’accompagner d’une amélioration de l’environnement des affaires.

En France, nous avons aussi la chance d’avoir de plus en plus de créateurs d’entreprises dont les parents ou grands-parents sont originaires de l’Afrique du Nord. A eux de se mobiliser pour créer des passerelles avec des entrepreneurs du sud ; pour nouer des partenariats mutuellement bénéfiques ; pour lancer des projets communs ; pour expérimenter de nouvelles formes de "compagnonnage" entre les deux rives. En s’inspirant, par exemple des chemins ouverts par l’ Adeci marseillaise (1).

La Méditerranée n’est pas seulement notre passé, riche et tumultueux. Elle est, plus que jamais, notre avenir !

Jacques Gautrand
jgautrand[ @ ]consulendo.com

(1) Créée en 1980 à Marseille, l’Adeci regroupe plus de 200 entreprises industrielles de la région PACA. Son action vise à rapprocher, conseiller et accompagner sur le terrain les entreprises qui souhaitent développer des partenariats avec des sociétés du Bassin méditerranéen : « Le partenariat industriel constitue, pour l’Adeci, la voie du commerce international de demain : échanges ou transfert de technologies, accords de coproduction ou de cotraitance, échanges de gammes de produits, participations financières croisées entre entreprises, » déclare Jean-Claude Sitbon, son directeur général.

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