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« The utility of force »
"L’utilité de la force"
A propos d’un essai du Général Ruppert Smith, éditions Allen Lane – Penguin Books
 

Sébastien de Diesbach* présente et analyse pour Consulendo.com un ouvrage du Général Ruppert Smith, intitulé « The utility of force » (Editions Allen Lane – Penguin Books, 2006), encore inédit en France.

La guerre permanente

Le Général Ruppert Smith est anglais. A la retraite aujourd’hui, il eut des commandements de haut rang à l’Otan, en Irlande, en Bosnie et en Irak ( première Guerre du Golfe).

Comme tous ses collègues européens, le Général n’a jamais fait la guerre – la guerre moderne, celle que l’on faisait autrefois.

Celle-ci avait un « père », rappelle Smith : Napoléon. C’est avec lui qu’apparaît la notion du choc drastique, final, d’une force militaire contre une autre, aboutissant à l’écrasement de l’une des deux, la reddition de l’Etat ennemi, la signature d’un traité de paix qui impose la volonté du fort au faible.

L’industrialisation de la guerre, la mise en œuvre de moyens de destruction de plus en plus efficaces, le déploiement de moyens de transport rapides et de modes de communication instantanés n’a rien changé à ce schéma. Pour s’en convaincre, il suffit de comparer « Guerre et Paix » de Tolstoï et « Vie et destin » de Grossman, les scènes décrites par les deux auteurs, russes tous deux, bien que séparées par plus d’un siècle (1812 – 1943/44), sont à peu près les mêmes.

La destruction de l’adversaire n’était-elle pas, depuis toujours, le but de la guerre ? Non, affirme le général anglais, en tous cas pas si l’on risquait, par le choc, de perdre tout ou partie de son armée. Car avant Napoléon, les hommes, coûtaient cher : les rois devaient les acheter. On les commettait donc avec précaution : on manoeuvrait beaucoup, on se battait peu. Tout change avec Napoléon. Général de la Révolution, puis consul et empereur, il dispose d’une masse de recrues fournie par la conscription, masse d’ailleurs motivée, ardente, pleine d’initiative : 2 millions d’hommes prêts à prendre les armes, gratuitement ! D’où l’audace de Bonaparte et son insouciance s’agissant des pertes de vies ! Commentant le désastre de la campagne de Russie, Napoléon disait : « Cela ne m’a coûté que 300.000 hommes. Et encore, il y avait là-dedans beaucoup d’Allemands ! »

Avec la généralisation de la conscription, tous les états, y compris les Unionistes et Fédéralistes aux Etats-Unis, ont adopté les méthodes du Français, que le progrès technique rendait encore plus meurtrières et ceci jusqu’à la Seconde Guerre Mondiale.

A la fin de celle-ci, apparaît la bombe atomique et le principe de la dissuasion. Le conflit entre les deux blocs, bien que l’un comme l’autre s’y soit préparé, n’a pas lieu. Le régime soviétique s’est effondré, n’ayant pas une économie capable à la fois de satisfaire les besoins de la population civile et de maintenir la parité d’armements avec les Etats-Unis.

Avec l’effondrement de l’Union soviétique, nous voici donc dans un monde unipolaire, les Etats Unis monopolisant essentiellement la force militaire.

Pour autant, les conflits cessent-ils sur la planète ? Evidemment pas – mais il ne s’agit plus de la guerre au sens moderne, napoléonien. Les Russes doivent combattre en Afghanistan, les Américains et les Européens s’engager en Bosnie, en Irak et ailleurs, lutter contre le terrorisme et contre d’autres menaces comme celui du trafic de drogue, en Amérique centrale. Leur armement est celui de la dernière guerre, qui n’a pas eu lieu. Leur organisation aussi.

« La guerre est finie, observe Smith (voulant dire : les anciennes guerres de type napoléonien), mais nous luttons aujourd’hui avec les principes de la guerre d’hier ».

Les conflits que le Général Smith décrit, et qu’il a connus, n’offrent pas de cible précise. L’ennemi est dissous dans la population : impossible de l’éliminer sans auparavant le séparer des habitants. D’où l’implication de l’armée dans des tâches d’assistance civile, de soins, d’éducation, de construction de route. Il faut dit Smith, se faire aimer des gens, gagner leur cœur, les détacher de l’adversaire, obtenir de l’information sur ses positions.

Une guerre "parmi les gens."

Ainsi, conclut Smith, la guerre moderne est une guerre « parmi les gens » (« among the people ») – non seulement parmi la population locale, mais parmi la population de toute la planète qui assiste au conflit à travers la télévision et dont l’opinion, voire le « cœur », doivent aussi être gagnés...

Ceux qui s’intéressent au mangement, auront tendance à prolonger l’analyse du général Smith dans l’entreprise. De même que l’armée doit désormais plonger dans la population et accomplir des fonctions qui n’ont rien de « militaire », de même une entreprise, une marque, doivent-elles aujourd’hui se déployer dans la population, financer, animer des projets civiques, de formation, de soins...en vue de gagner les cœurs. La guerre n’est plus la guerre, ni les affaires les affaires ! Mais gagner les cœurs est une tâche de Sisyphe, à recommencer chaque jour.

C’est pourquoi, selon Smith, la guerre post-moderne est interminable. Selon le vieux schéma, une guerre commence et finit : il y a un gagnant et un perdant. Il n’en est rien, aujourd’hui.

La guerre : "un état permanent."

Ainsi la guerre de Corée n’a toujours pas débouché sur un traité de paix, un demi-siècle après son déclenchement ! En ex-Yougoslavie, le sort du Kosovo n’est toujours pas réglé. Le conflit Israélo-palestinien ne connaît aucune solution. La division « momentanée » de Chypre est encore en vigueur. Nombre de forces portant le casque de l’ONU s’efforcent à travers le monde de maintenir la paix dans des régions où la guerre renaît sans cesse...et ainsi de suite. Quant au terrorisme islamiste, personne n’imagine d’horizon à son éradication !

Clausewitz a écrit cette définition célèbre : « La guerre, c’est la continuation de la politique », voulant dire par là qu’elle n’est qu’une étape, et pas nécessairement la plus fréquente, de la politique, laquelle est une activité permanente.

Pour le Général Smith, la guerre post-moderne est un état permanent.

S’il dit vrai, nous, comme nos descendants, serons confrontés à la guerre – continûment !

Sébastien de Diesbach

* Né en 1934, Sébastien de Diesbach a passé son enfance en Angleterre durant la Seconde Guerre mondiale. Après une licence de philosophie à la Sorbonne dans les années 50, il participe à l’introduction du management et de l’informatique en France. Il dirige ensuite, à partir de 1980, l’un des premiers cabinets internationaux de tendances de mode, Promostyl. Il a quitté ses fonctions en juin 2005.

« The utility of force », Général Rupppert Smith - éditions Allen Lane – Penguin Books, 2006

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