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Essai
"L’urgence éthique"
d’Emmanuel Toniutti
« Une autre vision pour le monde des affaires »
 

Voici un livre salutaire. On devrait en prescrire la lecture au programme de toutes les Business Schools.
Cela fait déjà quelques années que les grands groupes se parent de « codes ou de chartes éthiques » et proclament mettre en œuvre des démarches « RSE » (responsabilité sociétale et environnementale de l’entreprise) ... Pourtant ces initiatives, par principe estimables, n’ont pas empêché les excès et dérives coupables du capitalisme financier. La crise des subprimes (2008-2009) révélant l’avidité sans borne et l’égoïsme cupide de certains opérateurs.

Dans son livre sous-titré « Une autre vision pour le monde des affaires » Emmanuel Toniutti (*), philosophe et consultant, spécialiste de l’éthique des affaires n’est pas dupe : il remarque que beaucoup d’entreprises parlent effectivement d’éthique ou de responsabilité sociale, mais il s’agit souvent d’un "instrument de marketing et de communication supplémentaire pour (se) donner bonne conscience et faire du profit " ...
Ce qui est en jeu, pointe l’auteur, c’est l’éthique du dirigeant lui même, sa capacité (et son courage !) à mettre ses actes en accord avec des valeurs d’humanisme, non pas de façon désincarnée -« idéaliste » - mais afin de "concilier performance humaine et performance économique" : « c’est le dirigeant qui doit conduire la démarche éthique dans l’entreprise. » Ne dit-on pas à juste titre : l’exemple vient d’en haut ?

- * « L’urgence éthique. Une autre vision pour le monde des affaires » - 165 pages – IECG - 2010

- Découvrir le dernier ouvrage d’Emmanuel Toniutti, « Le leadership de l’amour », un essai qui s’appuie sur sa formation philosophique et théologique, mais aussi sur son travail de consultant auprès de directions d’entreprises et de groupes internationaux.

Le pari de l’entrepreneur humaniste

"L'Urgence éthique" IECG A propos du livre d’Emmanuel Toniutti
« L’urgence éthique - Une autre vision pour le monde des affaires »

Avant toute chose, j’ai été étonné d’apprendre que ce livre n’avait pas trouvé preneur auprès des principaux éditeurs de livres de management et que son auteur l’avait autoédité ! Or il s’agit d’un ouvrage clair, sensé et pertinent, nourri d’une expérience professionnelle et humaine originale. Et qui se tient largement au dessus de nombreux pensums jargonnants, scolaires, prétentieux et ennuyeux qui encombrent la littérature managériale ... J’en recommande vivement la lecture à tous les étudiants en gestion et aux futurs chefs d’entreprise !

Emmanuel Toniutti * , 43 ans, ne cache pas son approche spiritualiste du management des entreprises. Elle s’appuie sur une solide formation de philosophe et de théologien : notre auteur a rédigé sa thèse de doctorat (à l’université Laval de Québec) sur le théologien Paul Tillich (1886-1965).
Après des débuts dans l’enseignement comme professeur spécialisé dans l’éthique des affaires, Emmanuel Toniutti s’est ensuite tourné vers le conseil. Et, en 2005, il a décidé de sauter le pas et de se lancer dans l’aventure entrepreneuriale : il crée en Suisse, à Lugano, son cabinet, International Ethics Consulting Group ( IECG ). Parallèlement au coaching de dirigeants, il continue à enseigner l’éthique des affaires et la responsabilité sociale de l’entreprise comme professeur affilié et invité dans plusieurs business schools, universités et associations pour dirigeants en Amérique du Nord, Chine, Europe et Maghreb.

Le "vrai" libéralisme et l’humanisme sont compatibles

Dans son ouvrage conçu comme un dialogue avec Alain Mainguy, directeur du Centre de perfectionnement aux affaires Grand Sud-Ouest, Emmanuel Toniutti ne se livre pas à une condamnation en règle du capitalisme. Au contraire, il pense sincèrement que libéralisme économique et humanisme sont compatibles ; qu’il faut revenir aux sources de la pensée libérale, notamment l’oeuvre d’Adam Smith influencée par la culture protestante.

Ce qu’il dénonce c’est « l’ultralibéralisme qui ne vise que le profit à court terme et ne se préoccupe pas de la dimension du sens de la vie humaine. » (…) « L’ultralibéralisme a oublié que le capital était solidaire du marché (le client) et du travail (le salarié) (…) Aucun ne peut exister sans les deux autres. Il ne sert à rien d’avoir un capital à faire fructifier si personne ne peut produire ou acheter le bien qui fera croître le capital . » (…) Chaque partie prenante (employés, actionnaires, clients, fournisseurs) représente une partie de l’humanité que l’entreprise doit servir. »

Le problème, nous dit l’auteur, c’est que « l’ultralibéralisme est enseigné dans les Business Schools du monde entier. Très peu de ces écoles de management sont celles qui dispensent un savoir-être et un savoir-faire d’humanité : (…) Les grandes écoles enseignent en général les grandes théories ultralibérales américaines (...) 90% des professeurs docteurs (de ces écoles) excellent dans leur domaine d’expertise ... mais sans rien connaître du management opérationnel d’une entreprise. » ( !)

« Le sens d’humanité sur lequel insiste Adam Smith dans l’élaboration de la pensée libérale n’est enseigné et transmis nulle part », ajoute-t-il. (…) « Nous avons subi et accepté une interprétation de la pensée libérale poussée à son extrême par la culture américaine. (...) Nous devons revenir aujourd’hui aux fondamentaux humanistes du libéralisme (…) car nous avons perdu le sens des valeurs originelles d’une société qui vise le progrès pour le bien-être de la communauté des individus. »

Un comportement mu par "la recherche de l’intérêt égoïste"

Pour Emmanuel Toniutti , la cause des excès actuels et des dérives du capitalisme sont à chercher d’abord chez les hommes plutôt que dans le système  : « Ce sont la démesure et la perte du sens du risque chez certains dirigeants qui conduisent directement à la crise. La responsabilité est liée à l’éthique ». (…) « Les échecs des cas récents (UBS, Société Générale, crise des subprimes) ne viennent pas de la faillite d’un système, mais de la faillite de la conduite d’un système. Or qui conduit ce système ? Des hommes et des femmes. » A des postes de direction, leurs décisions ont été bien souvent motivées par la recherche de leur « intérêt égoïste immédiat » plutôt que dans le but de satisfaire l’ensemble des parties prenantes de l’entreprise... (...) « L’ultralibéralisme a placé l’actionnaire au rang d’un dieu tout puissant, d’une idole, qu’il faudrait servir plus que les autres » ...

C’est pourquoi, selon l’auteur, «  il y a une urgence éthique à développer une autre vision dans le monde des affaires (...)
Il faut changer la manière d’éduquer et de penser à l’intérieur du système : de façon à ce que les dirigeants associent performance économique et performance humaine
(or aujourd’hui, « ils sont simplement formés à l’idéologie économique »)

Connaissance de soi et entraînement à l’éthique

Devenir un « dirigeant responsable » passe par « une nécessaire étape de connaissance de soi et des autres , au même titre que l’apprentissage de la finance ou de la stratégie » et nécessite une formation permanente et un entraînement constant, à la manière des sportifs, selon l’auteur, pour développer sa capacité de réagir et d’agir de manière éthique (…), de façon « à placer l’homme au cœur des préoccupations et des décisions ».

« La mise en pratique de la double performance économique et humaine dans l’entreprise demande à enclencher un changement (…) Tout changement amène à sortir de sa zone de confort et à remettre en question ses habitudes de défense d’intérêt personnel. (…) Et pour changer de comportement, il faut s’entraîner. »

Et voici la définition de la responsabilité éthique du dirigeant que nous propose Emmanuel Toniutti : « Etre dans la capacité de garantir et de répondre des ses décisions devant soi-même et les autres, en privilégiant une vision à long terme de l’entreprises qui assure sa performance économique et humaine. »

"Avantage compétitif"

Les sceptiques taxeront sans doute d’angélisme ce plaidoyer pour que changent en profondeur les comportements des cadres et dirigeants dans l’économie de marché - puisqu’il s’agit, rappelons-le, de changer les pratiques et non le système ...

Mais on peut leur opposer des exemples (certainement trop peu nombreux et insuffisamment connus) d’entreprises (généralement à caractère familial) qui ont misé sur l’implication, le bien-être au travail et la reconnaissance de leurs salariés pour en faire leur principal levier de performance.

Quant à Emmanuel Toniutti, à partir de sa propre expérience de coach auprès de très nombreux cadres dirigeants, il a été lui-même « conduit à constater que lorsque l’entreprise décide de mettre en place une démarche structurée (dans ce sens), elle conforte ou adapte sa culture pour en faire un avantage compétitif. »

Et puis, n’oublions pas, comme nous le rappelle justement l’auteur, que « au-delà de l’engagement de notre responsabilité de dirigeant, nous construisons, là où nous sommes, le futur de nos enfants. »
Un argument à méditer.

Jacques Gautrand

- « L’urgence éthique. Une autre vision pour le monde des affaires » - 165 pages – IECG - 2010
Livre-entretien d’ Emmanuel Toniutti avec Alain Mainguy, directeur du Centre de perfectionnement aux affaires Grand Sud-Ouest.

Quelle est la différence entre morale et éthique ?

Emmanuel ToniuttiPar Emmanuel Toniutti *

« Je voudrais d’abord vous donner la définition de l’éthique. A l’origine, il n’y a pas de distinction entre morale et éthique puisque « ethos » en grec a été traduit par « mores » en latin. C’est le cours de l’histoire et notamment la philosophie particulière de Spinoza qui a introduit une distinction.

La morale consiste dans le respect des règles. Dans une entreprise, respecter l’objectif moral serait de respecter ce qui est écrit dans le code d’éthique ou de conduites.

L’éthique est la prise de conscience de la responsabilité que nous avons à mettre en pratique les règles. Dans l’entreprise, cela doit nécessairement impacter la notion de leadership. Prenons l’exemple du feu rouge. Est-ce que je m’arrête au feu rouge parce que la loi me dit de le faire ? Auquel cas j’ai un comportement moral exemplaire. Est-ce que je m’arrête au feu rouge parce que j’ai conscience de la responsabilité que j’ai à ne pas mettre en danger ma propre vie et celles des autres. Auquel cas, j’ai là un comportement éthique exemplaire. Je peux donc avoir un comportement moral exemplaire sans avoir un comportement éthique exemplaire.

Quel est l’impact de cette distinction sur l’entreprise ? Lorsque j’ai une décision à prendre en tant que dirigeant ou manager, si je veux la prendre d’une manière éthique, je dois nécessairement me poser la question de ma responsabilité personnelle et de l’impact de ma décision sur les autres parties prenantes (actionnaires, clients, collaborateurs, fournisseurs et autres…). C’est de cette façon que l’on peut envisager de traiter de manière très pragmatique la notion des codes d’éthique et de code de conduites dans les entreprises.

Pourquoi les entreprises vont-elles de plus en plus aujourd’hui vers la dynamique de l’éthique ? Pour les grandes entreprises cotées sur le marché, cela est imposé. On l’a vu dans le résultat du questionnaire avec la mention du risque de réputation. Mais la mise en pratique de l’’éthique dans l’entreprise dépend également de la volonté du dirigeant. En effet, on peut rarement mettre en place une dynamique éthique (une culture d’entreprise reposant sur des valeurs humaines fortes) si le dirigeant lui-même n’y croit pas. »

[ Source : Intervention d’Emmanuel Toniutti lors de la séance d’ouverture du cycle 2010-2011 de Philosophie et Management à Bruxelles ]

-  * Emmanuel Toniutti est né en 1968, il est diplômé d’un doctorat (Ph.D.) en philosophie et théologie de l’université Laval de Québec au Canada. Président fondateur de l’International Ethics Consulting Group (IECG) depuis 2005, il est coach de dirigeants depuis dix ans. Il assure la coordination des activités internationales de l’IECG et accompagne les comités de direction des entreprises dans la mise en œuvre opérationnelle d’un modèle de leadership responsable.

- D’autres informations sur le site de l’ IECG

- Sur le tème "Ethique & Entreprise", lire sur Consulendo.com notre entretien avec l’ex Pdg Jacques Benoît, devenu consultant et formateur en éthique : « Pédagogie de l’éthique »

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