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La chronique de Jacques Gautrand - Avril-Mai 2015
L’investissement est la clé de la croissance ...
Mais de quel investissement parle-t-on ?
 

Après sept années de « crise » économique – la plus longue de son histoire récente – la France aperçoit la lumière au bout d’un tunnel interminable.

Depuis le temps qu’il annonce que « la reprise est là », François Hollande va finir par avoir raison. Pourtant si l’embellie se confirme, elle ne sera pas le résultat de sa politique économique, mais plutôt d’un environnement international plus porteur (baisse des tensions sur les marchés financiers, dépréciation de l’euro, baisse des cours de l’énergie, regain de croissance dans de nombreux pays ...)

Les trois « moteurs » de la croissance économique sont connus : la consommation des ménages (et des administrations) ; l’investissement ; l’exportation.
Auquel il convient d’en ajouter un quatrième tout aussi important : la confiance des acteurs ( à l’égard des politiques publiques notamment).

Malgré une faible progression du pouvoir d’achat, 1,1% pour l’année 2014 selon l’Insee, (il n’y a pas eu de « politique d’austérité » en France, comme on l’ânonne à la gauche de la gauche, puisque les fonctionnaires n’ont pas vu leurs salaires baisser comme en Espagne ou en Grèce !) et un chômage colossal (un salarié sur quatre est touché !), la consommation des ménages repart à la hausse : toujours selon l’Insee, « les ménages consommeraient à un rythme plus soutenu, atteignant +1,5 % sur un an mi-2015, dans le sillage de leur pouvoir d’achat »…

Grâce à la dépréciation de l’euro, les exportations françaises devraient, elles aussi, se relancer. Le problème c’est le manque … d’exportateurs. On recense moins de 100 000 entreprises exportatrices, sur 3,5 millions ! Et parmi celles-ci, seules 20 000 sont des exportateurs réguliers … Il reste donc, comme on ne cesse de le dire depuis des décennies, des marges de progrès dans ce domaine. Mais il faudrait que nos PME/PMI soient davantage "accompagnées" sur les marchés extérieurs par nos champions internationaux (grosso-modo les entreprises cotées au SBF 120), qu’elles soient aussi suffisamment capitalisées et qu’elles bénéficient, comme c’est le cas en Allemagne, d’un véritable soutien à long terme des banques coopératives régionales...
Au-delà de ces faiblesses connues, il faudrait que l’offre française à l’export soit aussi plus « attractive », et pas simplement en matière de prix : en design, ingéniosité, simplicité, SAV, etc.

Un retard chronique de l’investissement

Mais là où le bât blesse, c’est que l’outil productif français souffre d’un manque chronique d’investissements en termes de renouvellement/modernisation  : des machines qui ont vieilli, retard en matière de robotisation par rapport à notre voisin allemand, retard dans la nécessaire « transition numérique » des PME, faible engouement pour les « Green-Tech » et les industries « vertes ». Et ce retard de l’investissement en France n’est pas que matériel. Nos entreprises souffrent aussi d’un fort déficit de l’investissement dans l’adaptation de leur organisation et de leurs méthodes de management à l’économie du 21ème siècle, qui est une économie immatérielle, relationnelle et collaborative.

Le gouvernement s’alarme de la panne d’investissement qui retarde la reprise économique. Panne qui ne semble pas en voie d’être réparée selon l’Insee : « Les enquêtes de conjoncture font état d’un attentisme persistant des entreprises : le climat des affaires n’a que légèrement progressé depuis novembre et reste encore inférieur à sa moyenne de long terme. Dès lors, les entreprises ne seraient guère enclines à accélérer leurs dépenses d’investissement qui stagneraient, bien qu’elles bénéficient aujourd’hui de conditions de financement favorables : avec la montée en charge du CICE et le démarrage du Pacte de responsabilité, leur taux de marge remonterait sensiblement au premier semestre, atteignant un plus haut depuis début 2011. »

On peut toutefois comprendre l’attentisme des chefs d’entreprise échaudés par les zigzags de la politique économique depuis l’élection de François Hollande...

Pour relancer les investissements, encore faut-il ne pas dissuader les investisseurs et leur inspirer confiance

Ayant clamé haut et fort qu’ils voulaient « taxer le capital comme le travail », les gouvernements de gauche ne doivent pas aujourd’hui s’étonner que la France manque d’investisseurs : on n’attrape pas les mouches avec du vinaigre ! Or, en économie de marché, l’investissement se fait d’abord avec… du capital privé. Encore faut-il qu’il trouve un environnement – fiscal, social, culturel – favorable à son épanouissement.

Le Premier ministre Manuel Valls a avoué lui-même le 31 mars à RMC que les hausse continues des impôts depuis des années « avaient étouffé l’économie française... »

Le paradoxe français, c’est que notre pays dispose pourtant d’une épargne importante, plus importante en proportion que certains de nos voisins, mais en raison d’une fiscalité absurde, cette épargne est placée essentiellement en obligation du Trésor, tandis que l’investissement en actions d’entreprises est pénalisé (y compris l’actionnariat salarié, dont la gauche aurait dû normalement se faire la championne !)

Le 8 avril 2015, Manuel Valls, a annoncé une série de mesures pour « accélérer l’investissement et l’activité et une croissance plus forte »

Même si ces mesures vont dans le bon sens, elles ne sont pas à la hauteur de l’enjeu. Elles dénotent une conception traditionnelle de l’investissement, celle de la classique « formation brute de capital fixe » (FBCF) : des murs, des machines, des engins … Or l’économie du 21ème sicle est de plus en plus immatérielle, relationnelle et « servicielle ».

Comme le souligne Hervé Baculard, le président de la fédération Syntec Conseil en Management : « Les mesures du plan Valls sont héritées du 20 ème siècle ! Certes, l’appui à l’investissement « industriel productif » est une bonne mesure de même que le meilleur accès au crédit. Mais c’est oublier que l’investissement dans le secteur marchand est en minorité composé de machines et de bâtiments. La majorité de l’investissement au 21ème siècle, c’est de la matière grise (appelée aussi investissement immatériel). Ce type d’investissement, porteur de compétitivité n’est pas considéré comme de l’investissement productif, et ne peut se financer par crédit, car il est non « immobilisable » la plupart du temps. La mesure phare qu’il fallait prendre, c’est de réduire l’impôt sur les sociétés (IS) sur l’ensemble des catégories d’investissement, baisser le taux d’IS sur le résultat mis en réserve. Ceci aurait de plus permis de reconstruire les fonds propres des entreprises, autre faiblesse structurelle de notre économie. »

Or les banques françaises en sont restées, elles aussi, à une conception d la FBCF datant du 20ème, voire du 19ème – siècle. Elle savent financer des locaux d’activité, une camionnette, une machine outil, un ordinateur … mais pas un plan marketing, une étude de prospection export, un développement dans le e-commerce, l’embauche d’un community manager, ou d’un consultant export … Or embaucher des collaborateurs qualifiés, faire appel à des consultants, repenser une organisation, innover, se lancer dans le e-commerce ... c’est cela l’investissement du 21 ème siècle. Pourtant ces actions sont toujours considérées comme des « dépenses d’exploitation » et non comme des investissements ... C’est un anachronisme destructeur de valeur !

Les professionnels du Chiffre devraient réfléchir avec les pouvoirs publics, à l’adoption d’une nouvelle norme comptable permettant d’inscrire au bilan, dans les actifs dits « incorporels », tout ou partie des dépenses de nature immatérielle, qui sont vitales pour le développement de l’entreprise.

Redéfinir l’investissement et son véritable contenu aujourd’hui, paraît tout aussi indispensable si l’on veut relancer de façon durable notre économie.

Jacques Gautrand
jgautrand [ @ ] consulendo.com

- Lire aussi une de nos précédentes chroniques sur le thème : « l’investissement est l’acte fondateur de l’entrepreneur »

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