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Insensiblement, la France est devenue un pays d’entrepreneurs. Une révolution silencieuse dans ce (...)

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L’éditorial de Jacques Gautrand - novembre-décembre 2009
L’entrepreneur dans la Cité
 

Et si, finalement, l’entrepreneur sortait gagnant de la crise financière qui a ébranlé la planète ? Ce ne serait que justice, car les entreprises ont été les victimes collatérales des excès et des errements de la finance spéculative. Elles ont payé –et payent encore !– un lourd tribut, en termes de faillites, de restructurations, de manque à gagner, de crise de trésorerie … à cette « démesure » financière qui s’est emparée de notre système juqu’à le déboussoler (démesure au sens de l’hubris qui, pour les Grecs anciens, conduisait l’homme à sa perte …).

Réjouissons-nous : partout, les gouvernements, les décideurs, les autorités de régulation, redécouvrent les vertus du « capitalisme d’entrepreneurs ».
Osons une définition : le capitalisme d’entrepreneurs est un système dans lequel ceux qui entreprennent risquent leur propre argent pour créer plus de richesses qu’ils n’en consomment … Au contraire de « l’économie-casino » (que dénonçait déjà dans les années 80 John Kenneth Galbraith), où les spéculateurs risquent l’argent ... des autres et finissent par détruire plus de richesses qu’ils n’en créent.

La planète finance aura-t-elle tirée les leçons de la crise ? L’avenir nous le dira. En tout cas, dans leurs professions de foi, les banquiers déclarent désormais, la main sur le cœur, que leur mission première est de bien gérer l’argent que nous leur confions et de financer « l’économie réelle », en « fluidifiant » les échanges commerciaux et en permettant les investissements qui préparent l’avenir… Dont acte !

L’entreprise n’est pas un "corps étranger" à la société.

Le capitalisme d’entrepreneurs s’imposera-t-il durablement ? Il faut le souhaiter. Mais c’est d’abord aux entrepreneurs eux-mêmes de défendre, par l’exemple, la cause de l’entreprise auprès d’une opinion publique et de citoyens qui perdent confiance en temps de crise. Restructurations, plans sociaux, management à la serpe, rémunérations extravagantes de quelques hauts cadres … ont brouillé l’image de l’entreprise et de ses dirigeants dans les représentations collectives. Certes, la plupart des Français sont attachés à leur propre entreprise et l’image du patron de PME est bien meilleure à l’applaudimètre que celle du PDG de grands groupes cotés en Bourse (souvent issu, bizarrerie française ! des grands corps de la haute fonction publique …)

Aujourd’hui on n’attend plus seulement d’un entrepreneur qu’il gère bien sa boîte, mais il doit aussi démontrer son « utilité sociale », c’est-à-dire son ancrage dans la société. L’entreprise est enracinée dans un territoire, elle n’est pas un corps étranger à la Cité (c’est à dire la société civile ; à ne pas confondre avec les « cités », assimilées aux banlieues à problèmes, où, d’ailleurs, des entrepreneurs, parfois issus de l’immigration, jouent un rôle d’animation sociale très appréciable).

Un sondage (1) rendu public à l’occasion du 4 ème Forum national des associations et des fondations, fait apparaître que les Français font massivement davantage confiance (à 68%) aux associations qu’aux entreprises (46%) pour « agir efficacement face aux difficultés provoquées par la crise ». (On notera que les syndicats ne s’en sortent guère mieux : 40% de confiance)

C’est dire qu’en matière d’engagement sociétal, les chefs d’entreprise ont encore des progrès à faire pour convaincre le grand public.

L’une des retombées positives de cette crise serait qu’elle conduise les entrepreneurs à prendre conscience de leur responsabilité à l’égard de ce que l’on appelle les « parties prenantes » de l’entreprise : leurs salariés, mais aussi les clients, les riverains, les associations, les élus, les médias …

Repenser l’entreprise.

Si l’on pouvait évacuer de nos schémas mentaux cette caricature assimilant l’entreprise à une « machine à profit », à un ogre qui dévore ses enfants, et reconnaître que celle-ci est d’abord une communauté d’hommes et de femmes engagées dans un projet, on ferait un grand pas en avant.

Le but de l’entreprise n’est pas le profit, mais la satisfaction de ses clients, et si tel est le cas, le profit sera le bénéfice légitime de ce résultat.

Dans une tribune publiée dans Le Figaro, plusieurs dirigeants de groupes aux marques emblématiques (2) ont appelé à « repenser l’entreprise » dans le but de réconcilier « performance économique et progrès social » : « Nous avons la conviction, écrivent-ils, que nous avons la responsabilité d’agir pour changer les choses (…) Qu’elle le veuille ou non, l’entreprise est un lieu majeur de construction de l’identité individuelle et de tissage du lien social. (…) Les indicateurs de performance doivent pouvoir intégrer tout ce que l’entreprise fait pour son écosystème : employabilité, développement durable, diversité … (…) Nombreuses sont les entreprises qui innovent et développent des pratiques exemplaires. Ignorées du compte de résultats, elles sont pourtant une formidable source de création de valeur pour l’économie et la société tout entière. »

Il faut souhaiter que cet appel soit entendu et suivi !

Nous croyons que la première richesse de l’entreprise ce ne sont pas ses capitaux, mais les personnes qui la composent ; que la première mission du dirigeant et des managers est de faire travailler toutes ces personnes ensemble. De nombreux sociologues d’entreprise ont montré que le meilleur stimulant des énergies était l’attention et la reconnaissance que les dirigeants manifestent à l’égard de leurs collaborateurs : ceux-ci sont alors capables de donner le meilleur d’eux-mêmes.
Jean-Marie Descarpentries, patron atypique, redresseur de Carnaud-Métal Box, avait su synthétiser cette recette en un syllogisme lumineux : « des salariés heureux rendent les clients heureux, et des clients heureux font des actionnaires heureux ! »

L’engagement sociétal de l’entreprise ce ne doit pas être une aumone, quelques bonnes "actions citoyennes" pour la galerie, ou la cerise sur le gâteau, mais une façon d’être ensemble pour faire vivre un projet commun. Une entreprise respectueuse des autres, en interne comme à l’extérieur.

En privilégiant le management participatif, l’information et la formation permanente, la délégation, l’intéressement, l’actionnariat salarié … il est possible de faire de l’entreprise une communauté de destin et non plus, cyniquement, une place de marché où s’échangent des forces de travail contre une rémunération …

Entrepreneurs, sachez donner une âme à vos entreprises et leurs performances en seront décuplées !

Jacques Gautrand
jgautrand (a) consulendo.com

Notes :

(1) « Les Français, les associations et la crise », un sondage CSA pour Chorum, Crédit Coopératif et Maif auprès de 1010 personnes.

(2) Jean-Pierre Clamadieu (Rhodia), Françoise Gri (Manpower), Pierre Kosciusko-Morizet (PriceMinister), Christian Nibourel (Accenture), François Seguineau (Toshiba), Arnaud Ventura (PlaNet Finance), Martin Vial (Europ Assistance), in Le Figaro du 24 septembre 2009.

Alors, heureux d’être le patron ?

Les entrepreneurs se disent globalement satisfaits de leur statut de dirigeant et ne regrettent pas le salariat. Même s’ils reconnaissent largement que le statut de salarié apparaît plus avantageux par bien des côtés : à 62 % par la durée de travail hebdomadaire, 62 % par le nombre de jours de congé annuel, 43 % en termes de revenus...
Cependant, 85% des entrepreneurs interrogés par l’IFOP pour l’APCE (*) sont satisfaits d’avoir créé ou repris une entreprise et 42 % se déclarent même être très satisfaits. La preuve ? 72 % sont prêts à recommencer si c’était à refaire.

Certes, le montant de leurs revenus ne les satisfait qu’à moitié (52 %), mais ils plébiscitent leur liberté et leur indépendance (83 %), le pouvoir de décider des orientations importantes de leur entreprise (88 %), la capacité à se réaliser personnellement (90 %), leurs bonnes relations avec les clients et les partenaires (97 %) et la reconnaissance de leur entourage (88%).

S’ils sont 88% à penser que leur entourage vit bien le fait qu’ils soient chefs d’entreprise, leur famille quant à elle souhaiterait qu’ils prennent davantage de congés (31 %) et passent moins d’heures au travail (28 %) ...
Les entrepreneurs le reconnaissent : ils ont moins de temps à consacrer à leurs proches, aux amis et aux loisirs.
Mais l’indépendance a bien un prix à payer !

(*) Ce sondage a été réalisé par l’Ifop pour le compte de l’APCE –Agence pour la création d’entreprise – à l’occasion des Journées de l’Entrepreneur.
Base : échantillon de 502 dirigeants d’entreprise, représentatif des entreprises françaises. Les interviews ont eu lieu par téléphone au domicile des personnes interrogées du 26 octobre au 2 novembre 2009.
Lire l’intégralité du sondage

- Des femmes et des hommes d’initiatives, animés par la passion d’entreprendre, ont été mis à l’honneur à l’occasion des nombreuses manifestations des Journées de l’Entrepreneur (16 au 22 novembre). Les festivités ont été ouvertes par le Grand Prix de L’Entrepreneur (17ème édition !) qui a décerné un Prix de l’engagement sociétal à Georges Dao le patron du groupe de BTP Cari (Alpes Maritimes) dont 75% des 2 300 salariés sont actionnaires : école interne de formation, crèche d’entreprise, séances d’ostéopathie pour réduire les accidents du travail ... Chapeau !

Consulendo.com est membre des Journées de l’Entrepreneur

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Post-Scriptum :

"Entreprise citoyenne"

Dans les années 80, le Centre des Jeunes Dirigeants (CJD) avait lancé le concept "d’entreprise citoyenne" (tordant le bras à la syntaxe pour transformer le substantif citoyen en adjectif qualificatif). Il s’agissait, au coeur des années Mitterrand, de réhabiliter l’entreprise en montrant qu’elle n’était pas un monstre froid, mais qu’elle avait un rôle essentiel à jouer dans la société, qu’elle participait au lien et à la promotion sociale ; qu’elle pouvait être aussi un lieu d’épanouissement et de progrès pour ses collaborateurs.
L’expression a perdu de son aura au fil des ans, et notamment avec la bulle financière des années 90 où les stocks-options, les bonus, les LBO et les réussites-turbos donnèrent de l’entreprise l’image d’un accélérateur de l’enrichissement personnel.

En 2001, la loi NRE (Nouvelles régulations économiques), votée sous le gouvernement Jospin, a fait obligation aux entreprises cotées de publier, en plus de leur bilan finacier, un document présentant leurs actions en terme de "RSE" : responsabilité sociale et environnementale. Les exigences de la société civile en terme de meilleure gouvernance des entreprises (suite notamment à des scandales comme la faillite d’Enron), les préoccupations grandissantes en matière de protection de l’environnement, ont donné corps à la notion de "responsabilité sociétale" de l’entreprise. Les anglo-saxons ont ainsi fait valoir, que face à la toute-puissance des "share-holders" (actionnaires), il y avait des "stake-holders" (parties-prenantes) que l’entreprise ne devait plus ignorer ; au risque de voir sa réputation s’effondrer et ses produits boycottés par les associations de consommateurs ...

Dans les années 2000, le CJD a lancé le nouveau concept de "performance globale de l’entreprise", encourageant les PME à concilier dans leur fonctionnement quatre objectifs indissociables : l’économique, le social , l’environnemental et le sociétal. Dans l’esprit militant du CJD, il s’agit d’une démarche volontaire de l’entrepreneur, pro-active, et non pas la simple mise en conformité avec des contraintes sociales ou environnementales, qu’elles soient réglementaires ou législatives. Le mouvement des jeunes patrons est en cela fidèle à la devise qui l’anime depuis plus de soixante-dix ans : "mettre l’entreprise au service de l’homme."
J.G.

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