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FINANCEMENTS
Parlez-vous la langue des banques ?
Par René Pascal *
 

A la suite de la publication, le 27 juin 2014, du rapport de l’Observatoire du financement des entreprises pointant les difficultés de trésorerie des TPE, la FBF (Fédération bancaire française) a pris cinq engagements visant à améliorer les relations entre les banques et les PME.
René Pascal *, ancien cadre bancaire, aujourd’hui consultant auprès de dirigeants de PME, donne son point de vue et ses conseils sur ce sujet sensible.

Dirigeants de PME : comment améliorer votre "cote" auprès des banques

Contrairement à ce que l’on observe dans certains pays, tels que les Etats-Unis, les crédits bancaires demeurent la principale source de financement des entreprises françaises. Or, l’image de notre secteur bancaire a tendance à se dégrader. Il est assez fréquemment accusé d’une "frilosité" excessive - même s’il est vrai que la recherche d’un bouc émissaire est parfois un peu facile, il existe des refus de concours bancaires dont la justification est contestable...

Dans le cadre de la procédure dite de "médiation du crédit", lancée fin 2008 à l’initiative du Président Sarkozy, on observe que les recours (1530 PME soutenues) auraient progressé de 8% en 2013.

Par ailleurs, selon le dernier Baromètre du financement des PME, réalisé par l’IFOP pour le compte de la CGPME et de KPMG, 75% des PME déplorent un durcissement des conditions de financement : réduction des crédits, garanties supplémentaires, frais élevés, etc. (1)

Cette situation, fort regrettable, peut notamment découler d’un manque de professionnalisme du Chargé de clientèle et/ou d’un dysfonctionnement dans le circuit décisionnel de la banque. Mais elle peut aussi résulter d’une méconnaissance de la part du dirigeant d’entreprise de la façon de bien communiquer avec ses partenaires bancaires et de bâtir une relation de confiance, étant rappelé que la simple transmission du bilan annuel n’est évidemment pas suffisante !

Il convient cependant de prendre en compte le contexte économique encore compliqué, dans lequel nous évoluons depuis quelques années, et qui amplifie les réflexes de prudence des financiers, d’autant que les réglementations européennes (Bâle II et III) sont de plus en plus exigeantes sur la qualité des risques pris…

Nos recommandations

Le chef d’entreprise a tout intérêt à se faire mieux connaître – et reconnaître – par ses partenaires financiers.

- Le dirigeant d’entreprise doit d’abord s’assurer que son entreprise bénéficie bien de la notation bancaire qu’elle mérite (voir ci-dessous) ;

- Il doit analyser de façon objective, afin de les optimiser, chacun des actifs immatériels de sa société : en effet, ces derniers demeurent peu (ou pas) comptabilisés, alors qu’ils représentent généralement une part importante de la valeur de l’entreprise.

Le dirigeant pourra ainsi renforcer sa position et, si ses arguments sont bons, améliorer sa notation

- Enfin, il ne doit pas hésiter à faire jouer plus efficacement la concurrence entre établissements bancaires, et rechercher toutes les sources de financements alternatifs qui sont de plus en plus nombreuses (prêts d’honneur ; prêts participatifs ; apports en fonds propres de Business angels), parmi lesquelles le crowdfunding (financement participatif) appelé à se développer fortement …

Votre entreprise a t-elle vraiment la note bancaire qu’elle mérite ?

De nombreux dirigeants ont du mal à répondre précisément à cette question car, par manque d’informations, ils se contentent généralement de recueillir la cotation effectuée chaque année par la Banque de France, une indication certes intéressante sur la notion de crédit pour les entreprises d’une certaine taille (chiffre d’affaires > 750 K€), mais qui a ses limites (consulter le site de la Banque de france> ).

Chaque banque établit sa propre cotation :

Ces chefs d’entreprises ignorent généralement que, pour apprécier la qualité de leurs clients, les banques et les assureurs-crédit ont surtout recours à leurs propres ‘grilles’ d’analyse. Ils ne savent pas davantage que, depuis la Loi 2009-1255 –Art.2 – du 19 Octobre 2009, dite Loi Brunel, destinée à favoriser l’accès au crédit des PME, chacun des établissements financiers est tenu de leur communiquer, sur simple demande, la notation retenue.

Or, il est très important pour eux de connaître ladite notation car c’est évidemment l’un des principaux éléments de décision des banquiers dans l’octroi d’un concours, l’exigence ou non d’une garantie, et le niveau de tarification des divers crédits et services.

Une difficulté de taille : chaque banque dispose de sa propre échelle de cotation !
En conséquence, une entreprise en relation avec trois banques peut avoir trois appréciations différentes.
D’autant que le nombre de ratios pris en compte dans la cotation (par exemple : le ratio excédent brut d’exploitation / chiffre d’affaires) et leur pondération, varient d’un établissement à l’autre…

Il est donc important de demander à chaque partenaire financier comment il procède pour établir votre notation !

- Un dialogue argumenté pourra déboucher sur une amélioration de la notation de l’entreprise :
En complément de l’exercice de son "droit de savoir", le chef d’entreprise a tout intérêt à fournir à ses partenaires financiers des informations susceptibles de justifier une amélioration de sa cote.

Une telle démarche, déjà parfaitement admise par la Banque de France, et pour laquelle l’assistance d’un conseil spécialisé peut s’avérer utile, constitue une bonne avancée car, dans le contexte économique actuel, les nouvelles réglementations prudentielles conduisent les banques à être plus sélectives dans la prise de risques…

Sachez mettre vos atouts en évidence !

Pour tenter de parvenir à un relèvement de sa notation, le dirigeant devra bien entendu réunir tous les arguments de nature à le justifier. Il pourra, par exemple, mettre en évidence l’éventuel décalage entre les données comptables portant sur certains actifs, y compris les éléments immatériels, et leur valeur actualisée, souvent plus favorable.

Il aura aussi à démontrer, si c’est le cas, que le niveau des capitaux propres est bien adapté à la nature de l’activité (fabrication, négoce ou services) et que les atouts réels de l’entreprise, et sa rentabilité, l’emportent largement sur ses points faibles. Un exercice de même nature, complété si possible par un business-plan succinct et objectif, visera à convaincre qu’en dépit de quelques menaces sectorielles bien identifiées, les possibilités de développement demeurent attrayantes… et méritent d’être accompagnées par la banque.

Le poids des actifs immatériels dans la notation et l’évaluation de l’entreprise

Qu’il s’agisse de céder ou de reprendre une société, de faire entrer ou sortir un associé du capital, de solliciter un partenaire financier ... chacune de ces opérations rend nécessaire une évaluation de l’entreprise concernée. Il en est de même lorsque le Dirigeant, propriétaire de son entreprise, souhaite faire le point sur l’ensemble de son patrimoine pour prendre, avec l’anticipation qui convient, certaines dispositions au plan familial.

Diverses méthodes sont habituellement retenues par les conseils spécialisés : valeur patrimoniale, multiple du résultat, etc.. Toutefois, comme pour la notation établie par les banques, les seuls documents comptables ne sont pas suffisants. Un "retraitement" de ces derniers s’impose : quelle est la valeur réelle, à ce jour, des actifs corporels (immobilier, matériels, équipements) et des immobilisations financières ? Quid de la qualité des créances et des stocks ? Quel est le salaire du ou des dirigeants ? Qu’en est-il des actifs incorporels ?

Or, dans cette démarche de valorisation, malheureusement, les actifs immatériels sont souvent les grands oubliés ... Alors qu’ils représentent parfois une grande partie de l’estimation globale !
Se soucie-t-on suffisamment, par exemple, de la qualité et du savoir-faire du personnel, de l’antériorité et de la notoriété de l’entreprise, de sa propriété industrielle (marques, brevets…) ?
C’est pour permettre d’affiner ce type d’analyse qu’a été créée, en 2007, à l’initiative de personnalités telles que Jean-Marie Descarpentries, ex-président de Carnaud Metal Box, Ingenico et Bull, une association dénommée l’Observatoire de l’Immatériel.

- Retrouvez la présentation des principaux actifs incorporels sur le site de l’Observatoire de l’immatériel.

* René Pascal, ancien directeur dans le secteur bancaire, consultant en développement des entreprises (évaluations, cessions-reprises, financements). Membre-Expert du CRA (Cédants et Repreneurs d’Affaires) pendant une quinzaine d’années, il a aussi été administrateur du réseau France Angels de 2001 à 2007.

Note :

- (1) 75 % des dirigeants ressentent un durcissement des conditions de financement des banques, selon le Baromètre Ifop-KPMG-CGPME du 16 juin 2014.

Parmi les mesures de durcissement citées, le financement avec des frais élevés ou à des montants plus faibles que souhaités reste la principale difficulté, évoquée par 45 % des PME (- 5pts). Viennent ensuite les demandes de garanties supplémentaires qui affectent 39 % des PME (- 2pts), les demandes de cofinancements (cautions) (36 %, +4 pts), la réduction des crédits ou des facilités de trésorerie (26 %, -3 pts) et les délais d’acceptation de dossiers trop longs (21 %, -4 pts).

Plus d’un dirigeant de PME sur trois, fait encore état d’une autolimitation dans ses investissements et dans ses demandes auprès des banques, en raison des difficultés d’accès au crédit (cependant en léger déclin 35 %, -3 pts).

Malgré ces mesures de durcissement, l’intention d’examiner les conditions d’autres banques concurrentes est en repli (43 %, -2 pts). Cependant, la part des patrons de PME envisageant de réexaminer leurs lignes de crédit atteint son plus bas niveau depuis la création du baromètre en 2009 (29 %, -10 pts).

Parmi les dirigeants souhaitant financer des investissements (40% de l’échantillon *), une large majorité cite un besoin de crédit destiné au remplacement ou à l’entretien de leur exploitation – matériel, locaux, etc. – (65 %, +7 pts). Viennent ensuite les investissements d’équipements – véhicules, informatique, etc. – (42 %) et les acquisitions de développement – achats, fusions d’entreprises, etc. – (26 %). Le besoin de crédits pour des investissements d’innovation – technologies, process, etc. – est en repli, cité par un dirigeant sur cinq (20 %, -8 pts).

* Échantillon de 401 dirigeants d’entreprises, représentatif des entreprises françaises de 10 à 500 salariés.

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