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La chronique de Jacques Gautrand - Juin 2013
EXPORT
Il faut soutenir les PME qui prennent des risques !
 

Je rentre d’un colloque qui s’est tenu à Tunis, consacré au Capital Investissement, " levier de développement des PME, au service de la croissance et de l’emploi dans les pays riverains de la Méditerranée."

Alors que l’Europe - à de rares exceptions près - s’enfonce dans la récession, les pays du continent africain connaissent des taux de croissance économique à faire pâlir d’envie bien des gouvernements occidentaux.
L’Afrique a enregistré, selon les institutions internationales, 6,6% de croissance en 2012, c’est presqu’autant que l’Asie ! En 2013, la croissance du PIB continental devrait approcher les 5%. Au Maghreb, après le "Printemps arabe", les perspectives de croissance sont de 4,6% au Maroc, de 3,4% en Tunisie et de 3,2% en Algérie. Et la palme d’or revient à la Libye avec 15% de croissance prévue !

Lors du forum de Tunis, j’ai été impressionné par le dynamisme et le professionnalisme des nouvelles générations de dirigeants d’entreprises et de gestionnaires de fonds d’investissement en Afrique du Nord. Formés dans les meilleures écoles internationales, munis de brillantes références professionnelles, ils regardent l’avenir avec confiance et ambition.

"CO-LOCALISATION"

Ils sont désireux de nouer des partenariats avec nos chefs d’entreprise et prêts à lancer des joint-ventures pour partir à la conquête des marchés africains les plus dynamiques ... Aujourd’hui, au Sud de la Méditerranée, le mot à la mode c’est la "co-localisation". On parle moins d’export ou de "délocalisation" comme hier, mais de ce que entrepreneurs du Nord et du Sud peuvent faire ensemble pour se développer, lancer des projets communs, trouver de nouveaux clients, proposer des offres de services innovantes ... Le concept est séduisant même s’il reste à concrétiser à l’épreuve des faits.

Alors qu’attendent nos PME en mal de carnets de commande pour saisir ces opportunités de développement au sud de la Méditerranée ? *

EXPORT
Il faut soutenir les PME qui prennent des risques !

Certes, on ne se projette pas à l’international sans un minimum de préparation et d’organisation ... mais on a le sentiment que les PME françaises sont plus timorées que leurs homologues italiennes, hollandaises ou, bien sûr, allemandes. Et aussi que leurs "partenaires" habituels (banques, conseils, organismes publics) sont plus frileux que jamais.

Comme si la France se repliait sur elle-même, engluée dans ses difficultés, dans ses guerres intestines et dans ses peurs face au grand large ...
Dans ces conditions, ne soyons pas étonnés que le déficit de notre commerce extérieur avoisine les 70 milliards d’euros ! Et que notre pays ait perdu 15 000 entreprises exportatrices (sur moins de 100 000) en dix ans ... (1)

HOMME-ORCHESTRE

Il est vrai que la phase amont de prospection, de "défrichage" des marchés étrangers, d’identification d’un partenaire local, demande du temps et de l’argent : cette phase est généralement financée sur fonds propres, aux risques mêmes du dirigeant de PME ... Pour les plus petites sociétés qui ne peuvent pas "se payer" un responsable export, c’est le chef d’entreprise lui-même qui devra mouiller sa chemise en effectuant plusieurs voyages dans le pays-cible.

Or, comme on sait, le taux de marge de nos entreprises est de 5 à 8 points inférieur à celui de leurs principales concurrentes européennes.

Pourtant en France nous avons une foule d’organismes, de réseaux et de dispositifs censés soutenir notre "commerce extérieur"...

Encore faut-il que le dirigeant de PME ( qui est l’homme-orchestre - ou la femme-orchestre - de son entreprise, sinon l’homme à tout faire !) parvienne à trouver la bonne porte, la bonne adresse, le bon interlocuteur, le dispositif adapté, l’aide ciblée ...

A Tunis, j’ai rencontré une chef d’entreprise française Anne K., pleine d’allant et d’énergie, qui, avec un associé, a lancé l’an dernier une société pour produire des cosmétiques à base d’huile de ... figues de Barbarie. Un ingrédient qui serait doté de pouvoirs antioxydants "exceptionnels" : « dix fois plus riche en vitamine E que l’huile d’argan » ... (en plus, la matière première est abondante au Maghreb)
A partir de cette innovation, la jeune société française a élaboré une dizaine de produits de soins haut de gamme. Elle vient de s’implanter en Zone franche de Tunis pour faire fabriquer ses produits par un laboratoire certifié bio.
« Nous avons lancé notre projet sur nos propres économies ; nous n’avons pas trouvé de banque pour financer notre développement
 », m’explique Anne K. Et Oseo ? lui ai-je demandé. Il semblerait que sa société ne rentre pas dans les critères pour bénéficier des dispositifs existants ... Elle n’a pas, par exemple, de propriété industrielle : « Le dépôt de brevets internationaux est pour l’instant trop coûteux pour nous », rétorque Anne K. A la recherche d’un investisseur en capital pour soutenir ses projets de croissance, c’est en ... Tunisie qu’Anne K. a trouvé son partenaire financier.
On sent chez la chef d’entreprise une volonté et une détermination à toute épreuve. Et on aurait aimé qu’elle puisse trouver en France un peu plus de soutien.

Peut-être qu’Anne K. n’a pas frappé à la bonne porte... Ou peut-être s’est-elle heurtée comme tant de porteurs de projets et de dirigeants de PME à nos frilosités françaises, dans cette France du Principe de Précaution désormais inscrit dans la Constitution ; sans doute a-t-elle dû surmonter ce scepticisme condescendant de spécialistes auto-satisfaits, installés dans le confort de leurs officines, - ils se sentent investis de la mission de faire le tri et le "fléchage" entre "bons et mauvais projets", en réalité ils ne font qu’accroître le négativisme ambiant ...
Peut-être que notre chef d’entreprise n’a pas voulu s’égarer dans le labyrinthe de nos organisations bureaucratiques, pourtant chargées de faire rayonner l’esprit d’initiative dans un pays, qui, à tous les niveaux, recherche avidement la sécurité et a horreur du risque ...

Rêvons que la nouvelle bpifrance (Banque publique d’investissement) qui va intégrer le réseau d’Ubifrance chargé "d’accompagner" nos PME à l’export, soutienne concrètement tous ces porteurs de projet qui comme Anne K. se démènent pour faire vivre leur entreprise : car ils sont les ambassadeurs anonymes de l’économie française.

Jacques Gautrand
jgautrand [ @ ] consulendo.com

- (1) Le magazine L’ENTREPRISE publie dans son numéro de juin le palmarès des 100 plus belles PME et ETI exportatrices. Ces sociétés indépendantes réalisent au moins plus de la moitié de leur CA à l’international ; elles profitent donc à fond des marchés en croissance. N°1, la marseillaise CIS, société de catering qui approvisionne les bases vie des grands chantiers dans le monde : elle réalise 100% de son CA hors de l’Hexagone ...

* * * Paris, Porte Maillot, mardi 18 juin 2013 : comme tous les ans, le Salon Planète PME, organisé par la CGPME, comporte un espace international accueillant des délégations économiques de Chine, Côte d’Ivoire, Wallonie, Tunisie, Maroc, Brésil, Allemagne ... Les dirigeants de PME pourront y rencontrer des experts et représentant des réseaux spécialisés dans le commerce extérieur ; des RDV d’affaires sont aussi organisés à la demande.
Signalons à ce propos le dernier numéro de l’excellent magazine CLASSE EXPORT, partenaire de Planète PME, consacré aux opportunités d’affaires au Maghreb.

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