« Pacte de responsabilité » et « Observatoire des contreparties »
Voici comment le président de la république a présenté le 14 janvier son "pacte de responsabilité" :
« Il a un principe simple : c’est d’alléger les charges des entreprises, de réduire leurs contraintes sur leurs activités ; et en contrepartie de permettre plus d’embauches et davantage de dialogue social. (...) Le pacte de responsabilité, c’est un grand compromis social, sans doute le plus grand qu’il ait été proposé depuis des décennies à notre pays. »
Mais pas question de laisser aux partenaires sociaux la liberté de s’organiser, de s’entendre sur le terrain, au plus près des entreprises, de trouver, ensemble, les meilleurs moyens de relancer la machine économique, de rendre plus performante l’organisation du travail, afin de créer plus de richesse et donc plus d’emplois ...
L’Etat socialiste entend garder la haute main sur le processus :
« Les contreparties, a précisé François Hollande, elles doivent être définies au niveau national et déclinées par branches professionnelles. Elles porteront sur des objectifs chiffrés d’embauches, d’insertion des jeunes, de travail des séniors, de qualité de l’emploi, de formation, d’ouvertures de négociations sur les rémunérations et la modernisation du dialogue social. Un « Observatoire des contreparties » sera mis en place et le Parlement y sera associé... »
Et voilà comme une bonne idée en principe se trouve, avant même tout début de réalisation, étranglée par une nouvelle usine gaz, comme notre technobureaucratie en a le secret !
Premier temps : ouverture libérale ; deuxième temps : on vérouille tout pour ne pas se couper des soutiens de gauche ... Au final, on ne satisfait personne !
Le CICE (crédit d’impôt compétitivité emploi) est du même tonneau. Plutôt que de baisser directement les charges des entreprises (ce que qu’avait fait le précédent gouvernement en créant la TVA sociale), François Hollande et le gouvernement de Jean-Marc Ayrault ont conçu l’engin emberlificoté du CICE à dessin de leurre : apaiser le monde patronal tout en cherchant à ne pas donner des boutons aux syndicats ...
On a perdu deux ans ...
Le CICE a fait perdre deux ans à l’économie française, alors qu’il eût été si simple de baisser les charges sociales, soit directement, soit en appliquant la loi votée par la précédente majorité créant la TVA sociale (et que la gauche, à peine revenue aux affaires, s’est dépêchée d’abroger !)
Combinée aux nombreuses annonces contradictoires en matière de fiscalité, cette politique sinueuse a découragé les chefs d’entreprise et aggravé le marasme de l’économie française : beaucoup d’acteurs reportant leurs décisions d’investir, de se développer, d’embaucher, à cause d’un environnement incertain, imprévisible et peu stimulant ...
Cette nouvelle usine à gaz des contreparties assorties de leur Observatoire, risque fort de retarder encore "l’enchaînement vertueux" de la multitude de décisions microéconomiques positives dont notre pays a urgemment besoin.
Or s’il est vrai que ce sont d’abord les entreprises qui créent des emplois, encore faut-il que les pouvoirs publics créent un climat de confiance et d’apaisement de façon à ce que les talents et les initiatives privées puissent s’épanouir et se déployer.
Comme le disait lors d’un colloque le fondateur de Viadeo, Dan Serfaty :
« En france nous avons tous les ingrédients [ pour faire une bonne cuisine économique ], mais il nous manque la sauce. »
Jacques Gautrand jgautrand [ @ ] consulendo.com
|