Denis Ettighoffer, dans sa chronique (sur ce site) est persuadé que les technologies numériques "réinventent les liens sociaux".
Oui, mais dans quel sens ?
Je pense, pour ma part, que nous avons tendance aujourd’hui à confondre connexion et relation.
C’est vrai, nous avons à notre disposition de formidables outils et autres "prothèses" de connexion qui facilitent grandement la mise en contact rapide. Les argumentaires marketing des sites de rencontres ou de « réseaux sociaux » nous assurent que, de lien en lien, nous pouvons entrer en contact avec la terre entière ... (1)
Mais la connexion (aussi instantanée soit-elle) n’est pas la relation ...
Certes, nous avons nettement perfectionné nos outils de « prise de contact ». Naguère, un courrier mettait une à deux semaines pour atteindre son correspondant dans un pays étranger. Le fax a nettement amélioré les choses. Avec la généralisation du courrier électronique dans les dix dernières années, le contact est établi en quelques secondes. ..
Toutefois la connexion reste de l’ordre de la technique. C’est d’ailleurs pour ça qu’elle ira toujours plus vite.
Mais la relation, c’est autre chose. Car elle est de l’ordre de l’humain. Elle se construit dans la durée et dans le désir partagé de « l’être ensemble ». On peut entrer en contact « avec la terre entière », mais on ne peut nouer des relations durables et mutuellement satisfaisantes qu’avec un nombre limité de personnes (faites le calcul).
Car la relation engage notre être profond ; elle sollicite nos aptitudes proprement humaines, c’est-à-dire, à la fois immenses et fragiles, merveilleuses et faillibles … une relation se tisse lentement, à pas de tortue ; elle passe par des hauts et des bas ; elle se cultive comme une plante ; elle peut être remise en cause par des faux pas, des maladresses ; elle peut aussi renaître comme par miracle à qui sait être patient et attentionné …
Et si nous profitions de la trêve estivale pour cultiver nos relations, proches ou lointaines ? En leur accordant un peu plus de temps que d’habitude pour les écouter, converser, leur dire notre attachement.
Cet été, c’est le moment de se déconnecter, de se « débrancher » pour prendre le temps de parler ensemble … sous les branches d’un arbre, par exemple.
Se parler, s’écouter, se regarder.
Et contempler la beauté du monde aussi.
Très bon été !
Jacques Gautrand
jgautrand [@]consulendo.com
(1) Du moins avec les 1,5 milliard d’internautes que compte notre planète ; selon le cabinet Forrester Research, leur nombre passerait à 2,2 milliards en 2013, dont 43% en Asie …
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