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Insensiblement, la France est devenue un pays d’entrepreneurs. Une révolution silencieuse dans ce (...)

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L’éditorial de Jacques Gautrand
Une croissance durable
« Dis Papa, c’est pour quand la reprise ? »
 

En ce début d’année 2009, jamais le besoin d’une croissance durable ne s’était fait aussi pressant.
Croissance durable au sens littéral : une croissance qui dure !

Tandis que les conjoncturistes se perdent en conjectures sur le moment où la reprise pointera le bout de son nez, les gouvernements de la planète s’agitent pour enrayer la récession qui s’est installée dans les chiffres. Et dans les têtes.

Dans un monde hyper médiatisé, interconnecté, interdépendant, les représentations (infos, images, opinions) façonnent notre vision collective de la réalité et la réalité elle-même. Jamais le phénomène d’annonce « auto-réalisatrice » ne se vérifiait en grandeur réelle (une mine d’études pour les sociologues !). A force de parler de la crise on intensifie sa perception, ce qui contribue à l’aggraver...

Dans le même temps cette « hypersensibilité » à la crise et les réactions en chaîne qu’elle déclenche dans les comportements, mobilise plus rapidement qu’avant les décideurs. Tous les responsables ont acquis un sens aigu de l’urgence. Rappelons-nous que le "New-Deal", le plan du président Franklin Roosevelt, n’était lancé que trois ans après la Grande Crise de 1929. Alors que les gouvernements des principaux pays s’activent depuis l’automne 2008, rivalisant dans l’annonce de plans de soutien et de relance de l’économie.

Et en attendant la reprise...

On regrettera au passage, avec d’autres, que l’Europe dont le poids économique est équivalent à celui des Etats-Unis n‘ait été capable, à ce jour que de promettre 200 milliards d’Euros, en totalisant les mesures de chaque Etat membre, alors que l’Amérique annonce entre 800 et 1000 milliards de dollars…

Pour l’heure, aucun expert n’est capable de prédire le moment précis où s’amorcera la reprise…bien qu’ils s’accordent tous sur le fait qu’elle viendra forcément.

La reprise n’est pas un événement extérieur qui survient de façon aléatoire, une « manne » moderne qui tomberait du ciel…

La reprise économique n’est que la somme de décisions, d’actions et de comportements, individuels et collectifs (achats, investissements, innovations, crédits, confiance, etc.) créant une dynamique expansionniste.

Le système capitaliste nous a habitués, au cours de l’histoire, à cette succession de périodes de croissance et de périodes de crises, ces fameux « cycles » qu’ont théorisés les économistes. On sait qu’après une récession survient toujours une reprise. Mais bien malin qui pourra dire quand !

Une éthique des comportements

Ce qui serait collectivement suicidaire serait de repartir alors comme si de rien n’était. Sans rien changer de ce qui nous a conduits au bord du gouffre. Les observateurs les plus sensés s’accordent pour dire que les extravagances, les dérives et les perversions d’une financiarisation à outrance de l’économie réclament un correctif. Le capitalisme doit changer de logiciel ! Renouer avec ses fondamentaux : le capitaliste est d’abord celui qui risque dans son entreprise son propre argent. Celui qui accepte la sanction du succès comme le risque de tout perdre… sans parachute doré ni retraite « chapeau ».
L’économie de marché a davantage besoin d’entrepreneurs que de spéculateurs.

Mais la crise que nous vivons est tellement profonde qu’elle ne peut être résumée dans cette seule alternative.

Cette crise n’est pas qu’une crise de la finance, de l’économie spéculative : elle est une crise morale, parce qu’elle est une crise de la démesure, cet « hubris » que les Grecs anciens dénonçaient comme la pire des vanités de l’Homme.

L’économie du libre échange et de l’initiative doit impérativement retrouver le point d’ancrage sans lequel elle part à vau-l’eau : la responsabilité des acteurs. En d’autres termes : reconnaître qu’elle implique une éthique des comportements. (1)

Il n’y aura pas de croissance durable sans management responsable.

Mais de cette crise peut sortir un progrès. Le traumatisme de l’explosion de la bulle financière, avec les dégâts collatéraux que nous subissons, est si fort que les esprits sont désormais mûrs pour que soient adoptées des règles de bonne gouvernance, que soient fixées des lignes jaunes à ne pas dépasser, et que, progressivement, s’imposent des codes de conduite respectueux du bien commun.

A partir de là, quels pourraient être les ingrédients de cette nouvelle croissance durable ?

. Une économie davantage tournée vers la satisfaction des besoins du plus grand nombre plutôt que dans la surenchère de gadgets futiles, rapidement obsolètes (qui font le bonheur de ces sites qui vous incitent à revendre vos cadeaux inutiles…) ...

. Une économie où le respect et la satisfaction du client prévaut sur le service de l’actionnaire…

. Une économie où la finalité première de l’entreprise est de faire travailler ensemble des femmes et des hommes, plutôt que la maximisation du profit…

. Une économie des services et de la réciprocité, mettant l’accent sur la « satisfaction relationnelle » plutôt que sur le « toujours plus » matérialiste…

A partir de là, tentons quelques propositions :

- Baisser la TVA de 19,6% à 15% sur toutes les prestations de services, qui par principe ne sont pas délocalisables…
- Développer le télétravail par la mise en place de plate-formes locales exonérées de taxe professionnelle…
- Exonérer de toutes charges sociales les nouvelles embauches pour les 2,6 millions de PME de moins de 10 salariés…
- Porter le plafond fiscal de la micro-entreprise à 100 000 euros, quelle que soit l‘activité exercée…
- Créer un Livret d’épargne-création d’entreprise sur le modèle du Plan Epargne Logement, (que tout le monde puisse souscrire sans limite d’âge) avec un droit à crédit automatique d’un montant au moins égal aux sommes épargnées...
- Faire de la filière technique sur les énergies renouvelables un centre d’excellence au plan international (est-il normal que nous soyons moins bons que les Allemands dans le domaine du solaire ?)…
- Favoriser la multiplication de start-up françaises dans les « Green Tech »…
- Lancer un plan national de la maison individuelle à ossature bois avec l’objectif de passer de 55% à 75% la proportion de Français propriétaires…
- Créer un Erasmus européen de la formation professionnelle et de la formation en alternance...

Cette liste n’est pas limitative. De nombreux experts, d’honorables commissions, de vénérables sages ont déjà fait des propositions originales, judicieuses, prometteuses dans ce sens…
Ce ne sont pas les idées qui manquent, mais le courage de les appliquer.

S’il est une chose à laquelle les grandes crises de l’histoire sont propices, c’est un sursaut national.

Faire différemment, innover, expérimenter…oser ! il n’y a pas d’autres façons d’ouvrir les chemins d’une croissance durable.

Jacques Gautrand jgautrand(arobase)consulendo.com

(1) Dans leur message de Noël, les Semaines sociales de France ont rappelé la nécessité de fonder l’économie de marché sur des valeurs morales (extrait)

« (…) Les chrétiens ne condamnent pas l’économie de marché sous toutes ses formes. Ils rappellent - et sur ce point, ils sont d’accord avec l’économiste Adam Smith - que : ce type d’économie ne peut fonctionner que dans des sociétés basées sur les valeurs morales que sont le respect des autres et une certaine sobriété dans l’usage des biens matériels. Il ne s’agit donc pas de récuser ni le profit, ni les investisseurs qui prennent des risques dans l’entreprise , mais d’appeler à une indispensable régulation de leur fonctionnement par les autorités publiques et par l’action de corps intermédiaires tels que les organisations non gouvernementales et les syndicats, notamment.

Les chrétiens ont des valeurs à faire progresser avec d’autres qui ne partagent pas nécessairement leur foi. Et les plus privilégiés d’entre-eux sont appelés à se comporter en citoyens vigilants par leurs choix politiques, à refuser « le toujours plus », à s’engager notamment au niveau local, à accepter un niveau d’impôts volontariste pour une solidarité active, à respecter un mode de consommation plus équitable et soutenu par une « sobriété heureuse. (…) »

Le texte complet sur Les Semaines Sociales de France

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