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Essai
« Agir en beauté
Réflexions sur une esthétique du mouvement »
Par Rémi Huppert
 

« Pourquoi l’action, pour être efficace, gagne-t-elle à être belle ? En quoi la beauté a-t-elle besoin de l’action pour se révéler ? »
Telle est la double question à laquelle cherche à répondre Rémi Huppert dans son dernier livre (*). Sociologue, écrivain, mélomane, voyageur et romancier, Rémi Huppert est aussi un expert du monde de l’entreprise, pour y avoir exercé des responsabilités de direction et aussi, depuis 1989, comme fondateur d’un cabinet spécialisé en ressources humaines.

Dans cet essai, il s’interroge sur la place paradoxale accordée à la beauté dans nos sociétés marchandes. A la fois célébrée dans le domaine artistique, comme dans ceux du luxe, de la mode ou du spectacle, la beauté est largement négligée dans le champ de l’action réputée "efficace", celui de l’économie et de l’entreprise.

Nourri des pensées occidentale et asiatique, son livre propose une méditation sur les rapports entre action et beauté ainsi qu’une réflexion sur "l’esthétique du mouvement".

Dans les lignes qui suivent, Rémi Huppert nous fait partager quelques éléments de sa réflexion.

* « Agir en beauté, réflexions sur une esthétique du mouvement  » Les Editions d’écarts, collection Diasthème (juin 2010).

« Agir en beauté
Réflexions sur une esthétique du mouvement »
Rémi Huppertpar Rémi Huppert*

« Pourquoi l’action, pour être efficace, gagne-t-elle à être belle ? En quoi la beauté a-t-elle besoin de l’action pour se révéler ? »

Notre époque nous impose l’efficacité en tout et partout : il convient de penser, d’agir de façon productive et rentable, qui plus est, de le faire à propos, c’est-à-dire au bon endroit et au bon moment. Toute la société tend vers l’utile, le rapide et même l’immédiat.

Malgré l’aspiration nouvelle à davantage de démocratie participative (donner son avis, peser sur la prise de décision …), les pratiques managériales (le pilotage par les processus notamment) continuent à sous-estimer les moteurs humains sur lesquels il faudrait utilement s’appuyer.

Articulé autour de concepts rigides, le management rationnel et technocratique structure l’organisation de l’entreprise, sans doute à l’image de la société, laquelle prétend s’organiser comme une sorte de vaste « jardin à la française ».

La beauté accessoire ...

Comment peut-on compter sur la régulation quand la « liberté » est octroyée et qu’on néglige le désir, le besoin de reconnaissance, l’estime de soi ? L’éthique est en crise parce qu’elle a été imposée seule comme un nouveau « diktat », sans le « secours » de la beauté. Le développement durable sera bientôt en crise aussi s’il continue à ignorer les apports de la prospective, elle-même coupée des apports possibles de l’art, de la créativité, de la beauté.

Dans nos sociétés matérialistes, nous voyons la beauté cantonnée à la sphère artistique, aux secteurs du luxe, de la mode ou du spectacle. Présentée de façon statique et contemplative, et non comme une démarche dynamique au cœur de l’action pour lui donner tout son sens, la beauté ne serait qu’un accessoire facultatif. Elle ne servirait à rien. Elle serait inefficace. Elle n’aurait rien à dire au quotidien. Décor de la vie, elle ne donnerait pas sens à la vie ...

Et les artistes, réputés sensibles et émouvants, seraient finalement peu utiles à la société car réfugiés dans un monde idéal ou encore fantasmé ...

Beauté et efficacité sont-elles deux notions antinomiques ?

Le moment nous paraît venu de poser deux questions :

-  En quoi l’action, pour être efficace, gagne-t-elle à être belle ?
-  En quoi la beauté a-t-elle besoin de l’action pour se révéler ?

Levier émotionnel beaucoup plus puissant que n’importe quelle adhésion à la règle imposée d’en haut, la beauté, dans l’action, n’est pas un « tout fait », elle est un « se faisant ». Elle se déroule comme le chant du monde, comme une mélodie mouvante et émouvante, elle ressemble à ces jeux d’eaux et de reflets, d’ombres et de rais de lumière, de nuages s’enfuyant sur le ciel apparemment fixe qu’il nous est donné de voir dans leur fragile mobilité, dès lors que nous les regardons dans la durée qui leur est propre et non pas dans le temps absolu.

Ce mouvement perpétuel n’est guère prisé dans le microcosme philosophique qui lui préfère le concept, l’idée, ou encore le Logos. Nos penseurs s’en tiennent à ces notions fixes, rassurantes pour l’esprit. Tout au plus traitent-ils le temps comme la quatrième dimension de l’espace, de nature semblable aux trois autres. Il convient de restituer à l’action, processus fluide, sa substance, de restituer au mouvement sa mobilité, au changement sa fluidité, au temps sa durée. Nous avons pensé l’action comme une succession, un déroulement, alors qu’elle est une évolution animée par un souffle continu.

« Pour une action libre, nourrie de beauté. »

L’Occident oscille entre deux exigences souvent contradictoires : agir efficacement / contempler la beauté. A l’inverse, la pensée chinoise propose une approche où s’imposent l’éloge du mouvant et l’alliance perpétuelle des complémentaires plus que dans l’opposition des contraires. L’action animée par le souffle : tel est le chemin, si lumineux, de la pensée chinoise. L’action, dès lors, cesse d’être une action déterminée, prévisible, repérable dans l’espace, pour devenir une action libre, entièrement neuve, et nourrie de beauté : Oui, la beauté est facteur de développement personnel, d’approfondissement du jugement, et finalement source de sens.
Sans beauté, point d’émotion, point de mise en mouvement, point d’action ...

Oui, la beauté est le catalyseur du sentiment de reconnaissance et d’appartenance sociales.

Les nouvelles formes de gouvernance, le pilotage par les processus ignorent cette dimension humaine de la motivation par la beauté. Or, la « fabrication du futur » sera esthétique ou ne sera pas. Mettons de la beauté dans les processus, faute de quoi ils deviendront les carcans technocratiques qu’ils ont prétendu vouloir desserrer.

Mettons de la beauté dans les villes. Animons la beauté par la grâce du geste, embellissons le processus du changement. Pour agir efficacement, mieux vaut agir en beauté ; a fortiori pour agir en bien, c’est-à-dire de façon éthique.

Beauté et bonté sont liées, car, comme le souligne le poète et philosophe François Cheng, la bonté porte garant de la qualité de la beauté et, symétriquement, la beauté irradie la bonté et la rend désirable.

Rémi Huppert

* HEC, docteur en sociologie, fondateur du cabinet RH Conseil, spécialisé en ressources humaines, Remi Huppert est aussi un mélomane et un pianiste confirmé. Auteur de plusieurs ouvrages sur le management, mais aussi de romans, il a publié en 2008 « Le manager musicien », un essai sur le thème thème : "comment la musique peut-elle nourrir le leadership ?" dont Consulendo.com a rendu compte.

(1) « Agir en beauté - réflexions sur une esthétique du mouvement » Les Editions d’écarts, collection Diasthème (juin 2010).
* Les Editions d’écarts Claude Cheyron 8, rue Monsieur Le Prince, 75006 Paris.

Extraits d’ Agir en beauté :

« L’action donne corps à la beauté, elle lui confère forme et mouvement. En ce sens, révélation -esthétique- et apprentissage -actif- sont deux notions foncièrement complémentaires. Il n’est point d’apprentissage en profondeur sans révélation préalable, point de projet artistique qui ne résolve dans l’action, faute de demeurer virtuel. Double dévoilement dans lequel l’action est première. » (...)

« Comment faire de toute la vie un moyen de connaissance ? Comment décapiter ce serpent de souffrance qu’est la vie fonctionnelle ? Nous sommes capables de mieux vivre, en êtres harmonieux, au fait de nous-mêmes. Métamorphose par la légèreté ? Métamorphose par la beauté irait mieux : changer le chameau soumis à la laideur du monde en lion révolté. Car il ne suffit pas d’être faible pour être bon, mieux vaut se hisser à la hauteur des actes que nous aimerions commettre. Développons une esthétique au-delà du simple plaisir contemplatif. Faisons, dans l’action, l’expérience du beau, voie de passage vers l’élévation morale ou l’extase mystique. Dans tous les cas, soyons de ces enfants qui jouent in media vita, agissons en beauté ».
R.H.

- Plus d’infos sur le blog de Rémi Huppert

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